Contestée et esseulée, la première ministre britannique, Liz Truss, jette l’éponge
vendredi 21/octobre/2022 - 01:46
Contestée au sein du Parti conservateur et décriée par l’opinion publique, la Première ministre britannique, Liz Truss, a jeté l’éponge, jeudi, ouvrant une période d’incertitudes pour le Royaume-Uni en pleine crise économique et sociale.
La Première ministre la plus éphémère de l’histoire britannique
La Première ministre britannique, Liz Truss, a annoncé sa démission, jeudi 20 octobre. "Vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j'ai été élue par le Parti conservateur", a-t-elle déclaré, devenant la cheffe de gouvernement à la longévité la plus courte de l'histoire contemporaine du Royaume-Uni, avec moins de 50 jours en poste.
Le précédent record date de 1827, quand le Premier ministre George Canning avait succombé à la maladie 119 jours après son arrivée au pouvoir.
— Daily Mail Online (@MailOnline) October 20, 2022
Sa démission intervient au lendemain d’une journée cauchemardesque marquée par le départ de la ministre de l'Intérieur, Suella Braverman. La soirée a aussi été agitée au Parlement lors d'un vote mal expliqué sur la fracturation hydraulique dont le gouvernement voulait faire un test de loyauté.
Pourquoi Liz Truss ne pouvait plus rester à son poste ?
Plus impopulaire que jamais dans l'opinion, sans programme économique après l'humiliant renoncement aux baisses d'impôts et ayant dû se priver de deux de ses plus importants ministres, Liz Truss était également de plus en plus contestée au sein du Parti conservateur.
"Liz Truss doit partir dès que possible", avait notamment lâché l'ancien ministre conservateur David Frost, qui la soutenait ardemment auparavant, dans une tribune au Daily Telegraph.
La Première ministre britannique paye la présentation, fin septembre, d’un invraisemblable mini-budget alliant soutien massif à l'énergie et baisses d'impôts tous azimuts qui a fait plonger la livre et conduit à la démission du ministre des Finances, Kwasi Kwarteng.
• Vers des élections législatives anticipées ?
Après l'annonce de Liz Truss, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a appelé à convoquer une élection générale dès "maintenant" et non fin 2024 ou début 2025 comme prévu.
Les conservateurs "manquent à leur devoir patriotique de base de laisser les Britanniques en dehors de leurs querelles pathétiques", avait-t-il attaqué, jeudi matin, dans un discours devant le Congrès des syndicats (TUC), au moment où de nombreux mouvements sociaux agitent le pays face à la crise du coût de la vie.
Cependant, les Tories vont tout faire pour éviter ce scénario car les travaillistes caracolent en tête dans les sondages. Selon une enquête d’opinion publiée fin septembre dans le Times, le Parti travailliste enregistre 33 points d’avance en termes d’intentions de vote sur les conservateurs. Du jamais-vu depuis la fin des années 90.
• Quelles sont les réactions à l’international ?
Cette tempête politique dans l'une des principales puissances mondiales, en pleine guerre en Ukraine, n'a pas manqué de faire réagir à l'international.
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Le président français, Emmanuel Macron, a dit espérer que le Royaume-Uni retrouve "rapidement" la "stabilité".
"J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de rencontrer Liz Truss. Nous avons encore échangé cette semaine et nous avions une relation de travail qui se construisait", a-t-il dit à son arrivé à un sommet de dirigeants de l'UE à Bruxelles.