Publié par CEMO Centre - Paris
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Burkina: après le consensus autour d'Ibrahim Traoré, la transition repart sur de nouvelles bases

dimanche 16/octobre/2022 - 02:55
La Reference
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Deux semaines après le coup d’État qui a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba, des Assises ont permis d’adopter une nouvelle Charte de la transition qui définit les principaux organes de cette période d’exception et de désigner un nouveau président, le capitaine Ibrahim Traoré. Cette rencontre, qui s'est tenue en une seule journée, a été marquée par un certain consensus autour des priorités à donner à cette nouvelle transition. 
Tous les partis politiques ont répondu présent à ces Assises nationales. Tous ont donc pu donner leur point de vue sur la conduite de la transition. Tous semblent unanimes sur un point : la figure du capitaine Ibrahim Traoré s’impose naturellement pour diriger le pays.
Ibrahim Traoré adoubé
« Je n'ai aucune raison de douter de ses capacités : il est jeune, il est courageux, il a les capacités intellectuelles, estime Clément Sawadogo vice-président parti de l’ex-majorité présidentielle, le Mouvement du Peuple pour le progrès (MPP).
Un sentiment partagé par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement. « Il a été l’homme qui a amené le cadrage, qui a amené le recentrage de la transition sur ses objectifs initiaux. Et je pense que la préoccupation du commun des Burkinabè aujourd’hui, c’est comment assurer sa propre sécurité, comment pouvoir mener ses activités au quotidien dans la quiétude. Et c’est ce que le capitaine Traoré a offert avec son intervention pour le changement le 2 octobre. Donc nous allons l’accompagner et espérons qu’il sera l’homme qui va amener la récupération de la totalité du territoire national, la restauration de la sécurité. Donc donner aux Burkinabè les voies et moyens pour pouvoir vivre dans la cohésion, dans la paix et en toute fraternité », explique-t-il.
La principale mission assignée à cette transition : « rétablir et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire ». Selon la Charte, la transition doit par ailleurs apporter une réponse à la crise humanitaire qui en découle. Deux aspects qui font partie des préoccupations des Burkinabè.
Consensus autour de la nouvelle Charte de la transition
La nouvelle Charte reconduit l’essentiel des principes déjà en vigueur dans le précédent texte. Par ailleurs, d’après cette Charte, le gouvernement est réduit à maximum 25 ministres. Elle instaure une Assemblée législative composée de 71 personnes, dont 16 personnalités issues des forces de défense et de sécurité, treize personnalités apolitiques, douze responsables issus de la classe politique. Ces derniers ne percevront pas de salaires, mais une « indemnité de session », précise la Charte. Bien que le mondant de cette indemnité ne soit pas précisé, cet aspect est un signe de « crédibilité », selon Guy Yogo, du Front patriotique : la première version du « MPSR s’était fait remarquer par une gabegie financière, des salaires exagérés, le tout en déphasage total avec la dégradation des conditions de vie des habitants », poursuit ce responsable de la société civile. 
Les formations politiques valident ce schéma. À l’image d’Eddie Komboïgo, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de l'ex-président Blaise Compaoré. « Nous ne sommes pas là pour prendre beaucoup de nombre ou pas. L'essentiel, c'est de participer, d'être patriote et d'aider à ce que la transition soit un succès, réagit-il. Parce que, les gens disent : ce sera le chaos. Mais moi, je pense que le Burkina vit déjà le chaos. Il faut le sortir de ce trou. »
« Nous considérons que les objectifs ont été largement atteints, souligne le vice-président du MPP. Les points que nous avons amenés comme propositions ont été largement pris en compte. De plus, d’un point de vue global, que ce soit la désignation du président de la transition ou bien la mise en place d’un gouvernement de combat ou encore en ce qui concerne l’Assemblée législative de transition, tous ces processus sont empreints d’innovation. Les propositions que nous avons faites en ce qui concerne la manière de gérer les institutions de la transition ont été prises en compte, et notamment la question de l’inclusion. Vous voyez que par exemple dans cette Assemblée, la classe politique a été beaucoup plus prise en compte. Dans la première ALT [Assemblée législative de transition], nous étions 8 en tout sur 71 députés. Cette fois-ci, notre effectif est porté à 12. Cela traduit quand même une volonté politique de prendre davantage en compte la classe politique. Et c’est déjà bien, parce qu’il faut aussi tenir compte des autres et ils sont très nombreux ».
Autre aspect qui rassure la classe politique : le respect de la durée de la transition, telle qu’accordée avec la Cédéao. Les autorités militaires s'engagent à organiser des élections d’ici le mois de juillet 2024.
Autre gage de crédibilité ancré dans cette Charte : le président de la transition et le Premier ministre ne sont pas éligibles à des fonctions électives après la transition.

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