Manifestations en Iran : Les adolescentes aussi retirent le voile et défient la répression
jeudi 06/octobre/2022 - 04:36
Dans les rassemblements qui agitent l’Iran depuis la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs, on croise toutes sortes de visages. Des déterminés, des dévoilés, et beaucoup de jeunes. Des étudiants se sont rassemblés le week-end dernier avant d’être confrontés à la police antiémeute qui les a coincés dans un parking souterrain de l’université de technologie Sharif de Téhéran avant de les interpeller. Depuis, des écolières ont pris le relais dans tout le pays en adoptant diverses tactiques, notamment en retirant leur voile et en criant des slogans hostiles au régime conservateur.
Dans une vidéo vérifiée, des jeunes filles, la tête non voilée, scandent « Mort au dictateur », en référence au guide suprême Ali Khamenei, lundi dans une école de Karaj, à l’ouest de Téhéran. Un autre groupe de filles scande « Femme, vie, liberté » en défilant dans une rue. « Ce sont des scènes vraiment extraordinaires. Si ces manifestations doivent aboutir à quelque chose, ce sera grâce aux écolières », a déclaré Esfandyar Batmanghelidj, du site d’information et d’analyse Bourse & Bazaar.
Nika Shahkarami, 16 ans, morte après une manifestation
D’autres vidéos publiées en ligne montrent des écolières quittant les salles de classe pour défiler dans divers endroits de la ville lors de manifestations éclair, afin d’éviter d’être repérées. Le procureur général iranien Mohammad Jafar Montazeri a reconnu mercredi que des jeunes étaient impliqués dans les manifestations, dénonçant l’influence des réseaux sociaux. « Le fait que des jeunes de 16 ans soient présents dans ces événements est provoqué par les réseaux sociaux, ils sont piégés », a-t-il déclaré, alors que le régime fustige des manifestations pilotées par Israël et les Etats-Unis.
Le ministre de l’Education Yousef Nouri, cité par l’agence IRNA, a lui affirmé que « les attaques de l’ennemi visaient les universités ainsi que les mondes des sciences et de l’éducation ». Mercredi, l’ONG Human Rights Watch a affirmé avoir vérifié 16 vidéos postées sur les réseaux sociaux, montrant selon elle « la police et d’autres forces de sécurité utilisant la force de manière excessive et létale contre les manifestants » à Téhéran et dans d’autres villes. Des réseaux sociaux avaient rapporté dans la journée que l’adolescente Nika Shahkarami avait été tuée par les forces de sécurité lors des manifestations.