La Russie multiplie les manœuvres militaires de dissuasion nucléaire
mercredi 05/octobre/2022 - 02:00
Moscou aurait procédé à des démonstrations de force nucléaire, poussant l'Otan à alerter ses membres. Le Kremlin a démenti et dénoncé une «rhétorique nucléaire» occidentale.
La pression nucléaire monte encore d'un cran. Un train, lié au ministère russe de la Défense en charge du nucléaire, et un sous-marin transportant le missile nucléaire Poséidon, ont été aperçus en mouvement, en Russie. Face à une escalade en apparence significative, l'Otan aurait alerté ses membres et alliés, selon The Times .
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Dans son article, le quotidien britannique mentionne les observations de Konrad Muzyka, un analyste de la défense basé en Pologne. Sur son compte Twitter, il a diffusé une photo d'un train en mouvement, lié à la 12e unité du ministère russe de la Défense responsable des munitions nucléaires, ce dimanche 2 octobre. D'après lui, cette unité serait «responsable des munitions nucléaires, de leur stockage, de leur entretien, de leur transport et de leur distribution».
Pour l'expert, plusieurs explications se profilent à l'horizon : «1) Cela pourrait être une forme de signal à l'Occident que Moscou s'intensifie. 2) Les forces russes s'entraînent généralement intensivement à l'automne. 3) La Russie pourrait mener un exercice de dissuasion stratégique GROM en octobre, donc ce train pourrait montrer une préparation pour cet exercice».
«Rhétorique nucléaire»
Par ailleurs, l'Otan aurait envoyé un rapport à ses membres et alliés pour les alerter sur les projets de la Russie, selon le quotidien italien La Repubblica . Plus particulièrement sur l'usage de son drone torpille à capacité nucléaire, le Poséidon, surnommé «l'arme de l'apocalypse». Si elle ne sera mise en service que d'ici la période 2025-2030, le sous-marin russe K-329 Belgorod qui la transportera a lui, déjà été plongé dans les mers arctiques et rendu opérationnel en juillet dernier. «Nous craignons que sa mission ne soit de tester pour la première fois le Poséidon super silencieux», a écrit le journal.
Face à ces nombreuses accusations, le Kremlin a tenu à riposter. L'agence de presse Reuters rapporte que le porte-parole russe Dmitri Peskov aurait démenti tout exercice militaire, dénonçant les pays occidentaux, à l'origine d'une «rhétorique nucléaire». «Les médias occidentaux, les politiciens occidentaux et les chefs d'État se livrent actuellement à de nombreux exercices de rhétorique nucléaire. Nous ne voulons pas participer à cela», a-t-il affirmé.
Menaces nucléaires
Ces démonstrations de force interviennent après que l'armée ukrainienne a percé les défenses russes dans la région de Kherson, occupée en grande partie par les Russes depuis sept mois. Lors d'une cérémonie à Moscou le vendredi 30 septembre dernier, Vladimir Poutine a ratifié l'annexion de quatre régions de l'est de l'Ukraine : Lougansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson.
Dans son discours offensif, le président russe a promis de défendre ces nouvelles terres «avec toutes les forces et tous les moyens dont nous disposons». Ce qui comprend l'arme nucléaire. Pour se justifier, le chef du Kremlin a accusé les États-Unis d'avoir créé «un précédent» en employant l'arme atomique pour bombarder Hiroshima et Nagasaki en 1945. Derrière ces paroles menaçantes, Vladimir Poutine, qui enchaîne les défaites militaires, cherche à contrecarrer les avancées des forces ukrainiennes vers l'Est.