Élection présidentielle au Brésil ce 2 octobre : à quoi s’attendre ?
La communauté internationale a les yeux rivés sur le Brésil, qui pourrait débouter l’actuel président d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Celui-ci a déjà prévenu qu’il ne comptait pas se laisser évincer par le favori, le candidat de gauche Lula, lors du premier tour qui a lieu ce dimanche.
C’est un come-back spectaculaire pour Luiz Inácio Lula da Silva : à la tête du Parti des travailleurs (PT), l’ancien président de 2003 à 2010, jadis à la tête d’un puissant syndicat ouvrier, puis écarté de la sphère publique par 580 jours passés en prison pour corruption, brigue un nouveau mandat, à 76 ans. Son programme, axé sur la protection sociale, prévoit également de restaurer l’image du pays à l’échelle internationale. Il est, pour l’instant, en tête parmi les douze candidat·es en lice, crédité entre 45 et 47 % d’intentions de vote au premier tour, contre 33 % pour son opposant Jair Bolsonaro, selon l’institut Datafolha. S’il ne remporte pas la majorité des voix dimanche, un deuxième tour aura lieu le 30 octobre, pour lequel il est également donné favori.
En face, l’actuel président populiste (soutenu par le footballeur et capitaine de l’équipe nationale du Brésil, Neymar), égérie du Parti liberal (PL), est candidat à sa propre réélection : ancien militaire, régulièrement critiqué pour ses saillies sexistes, réactionnaires, climatosceptiques et sa mauvaise gestion du Covid-19, il est aussi incriminé pour la déforestation massive de l’Amazonie. Il promet, pour sa part, d’augmenter les dépenses en défense et sécurité. En réalité, il s’agit surtout d’un duel de personnalités, au-delà des programmes : l’indépassable charisme de Lula, qui avait aidé à faire élire Dilma Rousseff (présidente de la République de 2011 à 2016), pourrait remporter cette fois encore l’adhésion populaire.
Scénario du 6 janvier, à l’américaine
Mais Bolsonaro ne compte pas se laisser déloger si facilement : celui-ci brandit d’ores et déjà la menace d’un coup d’état et pourrait contester le résultat des élections en octobre. Parmi les stratagèmes mobilisés pour rester en place, il crie préventivement à la fraude massive et met en cause l’efficacité des machines à voter – pourtant l’un des systèmes les plus fiables au monde – sur le modèle de son homologue Donald Trump, qui avait lui aussi dénoncé une fraude électorale… jamais avérée.
Selon les commentateur·trices, on se dirige en effet vers un scénario “à l’américaine”, qui pourrait se calquer sur les émeutes du 6 janvier au Capitole : en plus de contester les résultats, il pourrait mobiliser ses troupes dans les principales villes du pays et tenter de s’appuyer sur l’armée, qui lui est fidèle. Les prochains jours vont mettre à rude épreuve la fidélité de l’armée à la constitution, et la validation des résultats par la Cour suprême et le Congrès. Grâce au vote électronique, les résultats devraient être connus rapidement dimanche 2 octobre.