Victoire de l’extrême droite en Italie : c’est vraiment dégueulasse
dimanche 02/octobre/2022 - 03:24
C’est vraiment dégueulasse. “Dégueulasse”, c’est le premier mot qui nous vient, comme si à l’écœurement ne pouvait répondre qu’une forme de vulgarité. Dégueulasse qu’en 2022, les femmes se voient encore dépossédées de leur propre corps.
Les corps des minorités politiques ne cessent d’être attaqués. En Italie, où les législatives ont été remportées dimanche 25 septembre par la victoire du parti postfasciste “Fratelli d’Italia”, mené par Giorgia Meloni, au sein d’une coalition abritant également “La Ligue” de Matteo Salvini et “Forza Italia” de Silvio Berlusconi.
Bien entendu, parmi les bêtes noires de Giorgia Meloni figure l’IVG. “Bien entendu”, écrit-on puisque tout parti fasciste qui se respecte milite pour la préservation de la famille traditionnelle, composée d’un papa, d’une maman et de leur progéniture, qui sera elle-même tenue de se reproduire. Milite, aussi, pour que les femmes ne puissent pas disposer de leur propre corps, comme il en a été la norme pendant des siècles et des siècles dans des sociétés hétéro-normatives dominées par la figure du pater familias (notons au passage qu’une femme peut donc bel et bien se montrer aussi patriarcale qu’un homme). En Iran, où la mort de Masha Amini, 22 ans, arrêtée par la police des mœurs pour “port de vêtements inappropriés” et décédée par la suite à l’hôpital, a déclenché une vague de protestations sans précédent depuis 2019 – 41 personnes ont été tuées en neuf jours selon l’ONG Humans Right Watch.
Violences en continuum
En Hongrie, une femme désireuse d’avorter doit désormais écouter, au préalable, les battements du cœur de son fœtus. Aux États-Unis, en juin dernier, la Cour suprême révoquait le droit fondamental à l’avortement, laissant à chaque État la possibilité de l’autoriser, ou non. Nous citions alors toutes et tous la fameuse phrase de Beauvoir : “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question”. Trois mois plus tard, alors que certain·es préfèrent minimiser la gifle assénée par Quatennens à sa compagne – oubliant au passage que la violence patriarcale agit en continuum – nous voici tenu·es de la citer, une fois de plus.
Une vidéo est devenue virale. On y voit une Iranienne, cheveux découverts, chanter Bella Ciao face caméra, initialement chant de révolte entonné par les saisonnières des plantations de riz de la plaine du Pô, puis repris par les résistants italiens pendant la Seconde Guerre mondiale. Le lien tissé entre l’Iran et l’Italie dans cette vidéo prend un sens nouveau au lendemain de la victoire du parti Fratelli d’Italia, celui d’un continuum des violences sexistes.
C’est vraiment dégueulasse d’en être rendue, en 2022, à écrire ce genre d’édito, qui ne servira pas à grand-chose, si ce n’est à s’ajouter à la somme des cris des minorités politiques, à qui l’on reproche, encore et toujours, une trop grande hystérie, alors même qu’aucun combat n’est définitivement gagné.