L'Afghanistan risque-t-il de redevenir un «sanctuaire du terrorisme» ?
L'inquiétude est grande alors que les talibans sont de retour au pouvoir à Kaboul. De 1996 à 2001, le mouvement islamiste s'était associé à al-Qaida, qui avait fait du sol afghan son repaire.
«L'Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu'il a été (...) Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation», a mis en garde Emmanuel Macron lors de l'allocution qu'il a prononcée le 16 août après l'entrée des talibans dans Kaboul. La victoire du groupe islamiste qui avait déjà gouverné le pays de 1996 à 2001 - jusqu'à l'intervention américaine déclenchée après les attentats du 11 septembre - n'était pas une surprise en soi, mais la célérité avec laquelle il a pu s'emparer de la quasi-totalité du territoire en était une, analyse-t—on dans Le Figaro.
Chinois et Russes, qui craignent également le développement du djihadisme en Afghanistan, ont déjà amorcé des négociations bilatérales avec les talibans. Aux États-Unis, Joe Biden a quant à lui assumé «fermement» sa décision de retrait des troupes américaines, lequel a pourtant précipité l'effondrement du régime afghan soutenu à bout de bras par Washington depuis vingt ans. «Notre mission en Afghanistan n'a jamais été de construire une nation», s'est-il défendu, affirmant que l'objectif «rest[ait] aujourd'hui et a[vait] toujours été d'empêcher une attaque terroriste sur le sol américain». À cet égard, mission remplie, a plusieurs fois répété le président américain ces dernières semaines.
Quant aux talibans, ils tentent depuis lundi de présenter un visage présentable aux yeux de la communauté internationale. Ils auraient «changé», lit-on un peu partout. Mais jusqu'à quel point? L'Afghanistan retombée sous la coupe talibane ne risque-t-elle pas de redevenir une base arrière du terrorisme, comme elle le fut pour al-Qaida de 1996 à 2001? Des négociations avec le groupe fondamentaliste peuvent-elles porter leurs fruits alors que l'État islamique a à son tour pris racine dans le pays?