Au Liban, une vague de braquages de clients contre leur propre banque
mardi 20/septembre/2022 - 12:03
La colère, longtemps étouffée, explose. Cinq actions coups de poing ont été menées par des déposants, vendredi 16 septembre, contre des banques, à Beyrouth et dans d’autres localités libanaises. Muni d’une arme factice, d’un véritable revolver ou d’un fusil de chasse, chacun de ces clients a fait irruption dans son agence bancaire pour réclamer son propre argent. Cette série de braquages est de mauvais augure pour les dirigeants politiques et financiers, qui parient, afin de sortir leur épingle du jeu de la gravissime crise au Liban, sur la prostration d’une population épuisée et inquiète d’un chaos généralisé.
Le profil des cinq hommes, dont les péripéties ont tenu en haleine le pays, est varié : chauffeur de taxi, commerçant, policier… Deux jours plus tôt, deux assauts similaires se produisaient. Lors de l’un d’entre eux, une architecte d’intérieur, Sali Hafez, a obtenu plusieurs milliers de dollars, destinés aux soins de sa sœur, malade du cancer. Ces images ont fait le tour de la Toile.
Des activistes ont reconnu avoir coordonné l’opération avec la jeune femme. Mais nul n’a revendiqué la planification des braquages de vendredi. L’une de ces confrontations a échoué : à Beyrouth, Abed Soubra, commerçant criblé de dettes, est ressorti sans un sou de la succursale bancaire, au terme de longues heures. Il a été arrêté.
Plusieurs quotidiens locaux voient dans ces gestes radicaux le début d’une « révolution » des déposants contre les banques. Depuis l’automne 2019, date du dévoilement au grand jour de la banqueroute du Liban, les établissements financiers ont multiplié, sans aucun cadre légal, les restrictions draconiennes à l’encontre de leurs clients ordinaires. Ces derniers n’ont accès qu’au compte-gouttes à leurs économies, dont la valeur s’est effondrée.