Les prix de l’énergie explosent en Europe, la présidence de l'UE annonce une réunion d'urgence
Approuvée par Ursula von der Leyen, chef de la Commission européenne, cette décision intervient alors que les États membres de l'UE tentent de réduire leur dépendance en matière d'approvisionnement en pétrole et en gaz à l'égard de la Russie. Le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela, a déclaré que le conseil européen de l'énergie devait se réunir "le plus tôt possible", dans un tweet. "Nous sommes dans une guerre énergétique avec la Russie et cela nuit à l'ensemble de l'UE".
Fortement dépendante des importations de gaz en provenance de Russie, la République tchèque s'est engagée à faire de la sécurité énergétique sa priorité durant sa présidence de l'UE, qui a débuté le 1er juillet. M. Sikela a déclaré que le marché de l'énergie avait cessé de fonctionner correctement suite à la réduction de l'approvisionnement russe. "Dans une certaine mesure, le marché est devenu incontrôlable, la volatilité du marché ne répond plus aux bonnes nouvelles, alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent et font grimper les prix", a-t-il déclaré mercredi à la presse. Parmi les solutions possibles, M. Sikela a mentionné les plafonds de prix et la diversification des prix en fonction du type de production d'énergie.
Prix exorbitants en France et en Allemagne
Illustration de l'extraordinaire incertitude dans laquelle est plongé le continent, les prix de gros de l'électricité pour 2023 en Allemagne et en France ont atteint des sommets jamais vus vendredi, à respectivement 995 euros et plus de 1.100 euros le megawattheure (MWh) vers 15H00 GMT, contre de l'ordre de 85 euros/MWh il y a un an.
Plusieurs causes sont à l'origine de cette explosion, à commencer par le tarissement du gaz russe vers les pays d'Europe qui soutiennent l'Ukraine. Or 20% de l'électricité européenne est historiquement générée par des centrales thermiques au gaz. Le gaz se faisant plus rare, son prix est également à des niveaux records, ce qui renchérit le coût de l'électricité. Mais la guerre en Ukraine "n'est pas l'unique responsable", pointe Vincent Charlet, économiste du groupe de réflexion la Fabrique de l'Industrie. La France par exemple, longtemps fière de son parc nucléaire, est très fragilisée par l'abaissement de ses capacités de production d'électricité dû à "l'indisponibilité" de centrales.
Jeudi, moins de la moitié des réacteurs nucléaires d'EDF, 24 sur 56, étaient en fonctionnement en raison d'un problème de corrosion, ce qui réduit la production à un niveau historiquement bas et fait mécaniquement augmenter les prix partout en Europe. Traditionnelle exportatrice d'électricité, la France est devenue importatrice. "L'hiver va être dur pour tous les pays d'Europe, les prix vont rester élevés, et ils devraient même encore augmenter", déclare à l'AFP Giovanni Sgaravatti, chercheur à l'institut bruxellois Bruegel.
Dans les cinq derniers jours, les consommateurs britanniques ont eux appris que les tarifs réglementés de l'électricité et du gaz allaient faire un bond de 80% dès octobre. La crise prend de court toute l'Europe qui comptait sur les plans de relance post-Covid pour amorcer une transition énergétique, afin de sortir des énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre, en développant les renouvelables ou l'hydrogène.