Attentat de Karachi: deux ex-cadres de la direction des chantiers navals mis en examen
Gérard C., chef de site, et Alain Y., chef de projet sur les contrats des sous-marins Agosta 90B, sont soupçonnés d'avoir sous-estimé les menaces qui pesaient sur les salariés de l'entreprise.
Ils ont également été mis en examen pour des blessures involontaires, selon cette source, confirmant une information du Monde. Ces premières mises en examen annoncées dans ce volet de l'enquête ouvrent la perspective d'un procès.
Des protocoles de sécurité "inadaptés" au niveau de menace
Selon les juges d'instruction antiterroriste parisiens, Gérard C. aurait mis en place un protocole de sécurité "inadapté", notamment lors des déplacements entre le lieu de résidence et le chantier de construction des sous-marins, permettant d'identifier aisément les personnels et leurs itinéraires. Son supérieur Alain Y. aurait "validé" ce protocole.
Ils auraient ainsi "sous-évalué" les risques d'attaques envers les salariés présents sur le site, alors que le contexte sécuritaire dans la région était particulièrement "dégradé" depuis les attentats du 11 septembre 2001 avec la multiplication d'attaques ciblant les étrangers ou les intérêts étrangers.
Selon Me Marie Dosé, avocate de parties civiles, interrogé par l'AFP, "ces mises en examen étaient attendues de longue date par (ses) clients, qui sont à l'initiative de la plainte déposée il y a plus de 10 ans contre DCN. Les manquements criants aux obligations de sécurité qui incombaient à l'employeur ont facilité l'attentat : il était temps que la justice acte enfin cette réalité."
Un attentat toujours pas élucidé
Lors d'une réunion en avril, les trois magistrats saisis de l'information judiciaire avaient informé les parties civiles des actes accomplis tant sur le volet proprement terroriste que sur celui des manquements en matière de sécurité à l'époque.
Après deux décennies, cet attentat n'a pas été élucidé et deux thèses s'affrontent. L'attentat semble avoir été minutieusement préparé avec des moyens sophistiqués. Et la piste d'Al-Qaïda, qui n'a pourtant pas revendiqué l'attentat mais l'a approuvé, s'imposait pour le premier magistrat antiterroriste saisi des faits, Jean-Louis Bruguière.
À partir de 2009, l'enquête de son successeur Marc Trevidic s'est orientée vers l'hypothèse de représailles pakistanaises après l'arrêt des versements de commissions dans le cadre d'un contrat d'armement.