Publié par CEMO Centre - Paris
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Irak : la sécheresse ravage le mythique jardin d’Eden

jeudi 18/août/2022 - 05:01
La Reference
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En Irak comme en Iran, les marais mésopotamiens, considérés comme l’emplacement du mythique jardin d’Eden, sont mis en péril par la sécheresse. Le manque d’eau causé par le réchauffement climatique menace la faune comme la flore et cause le départ des derniers habitants

Dans le sud de l’Irak, la sécheresse a emporté des pans entiers de marais mésopotamiens du mythique jardin d’Eden. Dans les marais de Hawizeh, chevauchant la frontière avec l’Iran, ou ceux très touristiques de Chibayich, de vastes étendues de terres humides ont cédé la place à des sols craquelés, parsemés d’arbustes jaunissant.

En cause : trois années de sécheresse, des précipitations en baisse et un débit réduit des fleuves venus des pays voisins, Turquie et Iran, en raison des barrages construits en amont. « La sécheresse touche les hommes autant que les animaux », raconte Hachem Gassed, 35 ans, habitant un hameau près de Hawizeh qui doit parcourir une dizaine de kilomètres à travers des terres arides pour nourrir et rafraîchir ses buffles. Dans la région, cet animal est l’unique gagne-pain de 6 000 familles.

Les images satellites illustrent l’ampleur de la sécheresse.

 « Une baisse sans précédent du niveau de l’eau »

Autour de lui, l’immense lac d’Oum al-Naaj est devenu une terre aride. Par endroits subsistent des flaques d’eau boueuse et des rivières étranglées. On devine les lits asséchés des ruisseaux qui serpentaient dans des marais jadis luxuriants -- inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Les marais ont déjà connu des années de sécheresse, avant des saisons de pluies fastes qui viennent les ressourcer. Entre 2020 et 2022, dans les marais du sud de l’Irak, notamment ceux de Hawizeh et Chibayich, 41 % des zones marécageuses ont souffert d’une réduction du niveau de l’eau et d’une baisse de l’humidité, tandis que 46 % de ces zones ont perdu des eaux de surface, selon l’ONG néerlandaise PAX.

Les ravages du réchauffement climatique

Notant « une baisse sans précédent du niveau de l’eau », l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture rappelle que les marais sont « une des régions les plus pauvres d’Irak et parmi les plus touchées par le changement climatique. » Un désastre pour ces lieux qui abritent « de nombreuses populations d’espèces menacées », selon l’Unesco.

Le secteur représente « un des plus grands sites d’escale et d’hivernage » pour les canards, et une étape majeure pour environ 200 espèces d’oiseaux migrateurs.

Sauver l’eau              

« Le gouvernement veut préserver la plus grande quantité d’eau possible », reconnaît le militant écologiste Ahmed Saleh Neema. Côté irakien, les besoins en eau des activités agricoles ou des marais sont couverts pour moitié seulement. Par plus de 50 degrés, « impossible de compenser l’évaporation très élevée dans les marais », ajoute-t-il.

Alors que des pluies torrentielles ont entraîné la mort de plusieurs personnes, paradoxalement, l’Irak manque cruellement d’eau. Pour cause, les deux fleuves du pays, qui prennent leur source en Turquie, sont au cœur d’un conflit politique, et ce sont les habitants qui trinquent

Côté iranien, ces marais souffrent également de stress hydrique. La moitié du secteur est asséchée, rapportait l’agence officielle Irna. « Le principal fleuve côté iranien qui alimente les marais de Hawizeh est totalement coupé depuis plus d’un an », explique Hatem Hamid, directeur du centre gouvernemental de gestion des ressources hydriques en Irak.

Les marais mésopotamiens, considérés par certains comme le jardin d’Eden de la Bible, souffrent depuis longtemps. Pour éradiquer l’insurrection, le dictateur Saddam Hussein les avait fait assécher dans les années 1990. Depuis, leur surface humide a été divisée par deux.

 

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