La Turquie, cheval de Troie des sanctions contre la Russie ?
Le quotidien économique Dünya, qui s’est entretenu avec des experts turcs du secteur de la logistique, explique que de nombreux entrepreneurs russes ont créé des entreprises en Turquie, qui achètent des biens venus d’Europe et d’Asie avant de les envoyer en Russie.
La Turquie est ainsi devenue le principal point de transit de marchandises vers la Russie. Une façon d’aider l’économie russe à échapper aux sanctions, qu’Ankara refuse d’appliquer, pour ne pas froisser Moscou dont elle dépend économiquement et sur de nombreux dossiers géopolitiques dans le Caucase ou en Syrie.
La rencontre entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, le 5 août, en Russie, a ouvert la voie à un partenariat économique encore plus renforcé entre les deux pays. Dès son retour, le président turc a ainsi annoncé qu’Ankara accepterait de payer une partie du gaz qu’elle achète à la Russie en roubles, et non plus en dollars.
Une aubaine pour les deux pays, qui se sont également entendus sur la généralisation en Turquie du système de paiement bancaire russe Mir. Un accord qui concerne cinq banques turques en particulier et qui devrait bénéficier aux hommes d’affaires et oligarques russes qui feraient de la Turquie la plaque tournante de leurs affaires.
L’afflux d’argent russe en Turquie est, par ailleurs, une bouée de sauvetage pour le président Erdogan dont la popularité chute à mesure que s’aggrave la crise économique turque, mais il s’agit d’un pari dangereux.
Le Financial Times révèle ainsi que plusieurs responsables de pays occidentaux réfléchissent à la possibilité d’imposer des sanctions pour forcer Erdogan à faire machine arrière.