Publié par CEMO Centre - Paris
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À la présidence européenne, Prague a les yeux rivés sur l’Ukraine

lundi 04/juillet/2022 - 03:29
La Reference
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La République tchèque relaye la France, depuis le 1er juillet, à la présidence tournante du Conseil de l’UE. Pays d’Europe centrale, l’ex-satellite de la Russie communiste se considère aux premières loges de la guerre en Ukraine.

L’image a frappé les esprits. Le 15 mars 2022, alors que des milliers d’Ukrainiens fuient les bombes russes qui s’abattent sur leur pays depuis vingt jours, le Premier ministre tchèque Petr Fiala saute dans un train pour Kiev, la capitale ukrainienne, aux côtés de ses homologues polonais et slovène. Ils sont les premiers dirigeants étrangers à venir apporter leur soutien au président Volodymyr Zelensky. Les premiers, aussi, à exhorter les Européens à donner très rapidement à l’Ukraine le statut de candidat à l’adhésion ​à l’Union européenne.

C’est chose faite depuis le 23 juin. Avant même que Petr Fiala, 57 ans, ne prenne le relais d’Emmanuel Macron à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, pour six mois (jusqu’au 31 décembre 2022). Mais le dirigeant libéral tchèque, ex-prof de sciences politiques et fervent défenseur de l’UE – qui lui a inspiré plusieurs livres – ne se fait pas d’illusions. Son mandat s’achèvera probablement avant cette maudite guerre, qu’il place en tête des priorités de sa présidence.

Une sombre histoire commune

L’Ukraine se bat pour notre liberté et pour [la Tchéquie] ce ne sont pas que des mots​, a-t-il commenté avec émotion, mi-juin. Membre de l’UE depuis 2004, ce pays d’Europe centrale se sent d’autant plus proche de l’Ukraine qu’ils ont tous les deux vécu de longues décennies sous le joug soviétique, avant de s’en libérer, en 1989.

Le peuple tchèque sait ce qui se passe quand on fait des compromis avec des tyrans, a rappelé Volodymyr Zelensky, en visio devant le parlement tchèque, le 15 juin. Allusion à 1939, quand les Occidentaux ont laissé Hitler occuper les provinces tchèques de Bohème et Moravie. Puis au 21 août 1968, quand les chars soviétiques ont écrasé le soulèvement pro-démocratie du Printemps de Prague.

Craignant un bain de sang identique à celui infligé aux Hongrois en 1956, le Premier ministre réformateur tchécoslovaque Alexander Dubcek avait alors exhorté son peuple à ne pas s’opposer par les armes aux troupes étrangères​. Une centaine de dissidents ont été tués, les dirigeants muselés et le pays placé sous la tutelle de Moscou jusqu’à la chute du communisme et la révolution de velours » (1989) qui a propulsé au pouvoir Václav Havel.

Des armes et des lits            

Plus question de courber l’échine. Partisan d’un renforcement de l’Europe de la défense et de l’Otan, Prague a déjà livré plus de 140 millions d’euros d’armes à Kiev.

Hostile à l’accueil des migrants lors de la crise de 2015, la Tchéquie prend largement sa part, cette fois. Ce petit pays d’à peine 11 millions d’habitants accueille le plus de réfugiés ukrainiens (380 000) après la Pologne (1,18 million) et l’Allemagne (663 000).

Faut-il accélérer l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ?

Débattez !

Minée par l’inflation (+ 16 % en un an), la Tchéquie continue de prôner un renforcement des sanctions contre Moscou. Dépendant du pétrole russe à 50 %, le pays a toutefois négocié, comme la Hongrie, un délai avant de stopper ses importations, fin 2023. Et il aura du mal à se passer du gaz russe (quasiment sa seule source d’approvisionnement) d’ici décembre, comme l’ont évoqué le 26 juin les ministres européens de l’Énergie.

Qu’importe. Pour Prague, libérer les Européens du joug énergétique russe est plus pressant que la transition énergétique​. De quoi faire grincer des dents à Bruxelles… Personne n’a oublié les réticences du pays à rallier l’objectif européen de neutralité carbone d’ici à 2050. Et son acharnement à décrocher des aides pour amorcer la transition, grâce au nucléaire, alors que le charbon occupe encore la première place dans son mix énergétique (le pays compte encore 24 centrales à charbon).

Pas d’ambiguïté, veut rassurer la ministre de l’Environnement, Anna Hubackova : Le Pacte vert pour l’Europe recoupe nos priorités.​Plus surprenant, Prague songe déjà à la rénovation de l’environnement endommagé en Ukraine​.

À la présidence européenne, Prague a les yeux rivés sur l’Ukraine


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