En Ukraine, les armes occidentales n'arrivent pas toujours avec leurs modes d'emploi
jeudi 09/juin/2022 - 01:46
dTout l'Occident fait pleuvoir les armes sur l'Ukraine, pour soutenir son effort de guerre contre son voisin envahisseur russe. Missiles antichars tels que le FGM-148 Javelin ou le NLAW, Stinger ou Starstreak britanniques contre les aéronefs, drones kamikazes comme les Switchblade, systèmes d'artillerie ou lance-roquettes comme le Caesar français ou le M270... Dans l'urgence absolue de la bataille pour la survie, les livraisons s'accélèrent.
Malgré l'excellence reconnue des troupes ukrainiennes, il y a néanmoins un petit souci: certains de ces systèmes sont inconnus des soldats chargés de les utiliser sur le terrain, et ce malgré des années passées à s'entraîner et à se moderniser aux côtés des armées de l'OTAN.
Si pour les armes les plus lourdes et complexes à manier, notamment les canons américains M777 Howitzer ou les Caesar français, des sessions de formation expresse ont été organisées pour familiariser les soldats à ces matériels exotiques, ce n'est pas toujours le cas pour certains des systèmes plus basiques qui abreuvent l'Ukraine. Or, ces armes sont conçues pour être utilisées par des Occidentaux, et ce dans leur langue.
D'où certaines situations parfois très tendues sur le champ de bataille. Le New York Times raconte par exemple la manière dont un sergent ukrainien a dû se servir de l'outil de traduction automatique de Google pour mieux comprendre comment fonctionnait un télémètre laser hi-tech conçu par Safran, le JIM LR.
Coordonnées GPS, azimut, distance, de jour comme de nuit: le précieux bidule est utilisé pour viser avec précision des cibles ennemies. Un outil vital, en particulier dans la très âpre bataille de canons du Donbass, mais dont les hommes de Dmytro Pysanka ne savaient initialement pas se servir.
«C'est comme se voir offrir un iPhone 13, mais ne pas pouvoir passer de coups de fil», s'énervait légèrement le sergent auprès du journaliste américain qui l'interrogeait. «J'ai essayé d'apprendre en lisant le manuel en anglais ou en utilisant Google Translate pour le traduire», précisait-il.
Il faut parfois également assurer, à distance, le service après-vente –ou plus exactement le service après-don. C'est la drôle de petite histoire que relate le site américain Task & Purpose: un soldat ukrainien, au beau milieu de l'action, a dû appeler en urgence son formateur américain, aux États-Unis, pour lui parler d'un problème technique avec son «saint Javelin».
Près de 20.000 de ces missiles anti-tanks ont été envoyés en Ukraine. Ils sont relativement simples à maîtriser, après quelques dizaines de minutes d'apprentissage, et ont fait merveilles et ravages contre les blindés russes.
Mais il y a parfois des hics. Un membre de la Washington National Guard a ainsi reçu un appel forcément urgent de l'homologue ukrainien qu'il avait formé sur le système. Ce dernier lui demandait, littéralement dans le feu de l'action, de l'aider à régler un problème avec son engin de mort –un peu de la même manière qu'un enfant aide un de ses grands-parents à réparer son Wi-Fi un dimanche après-midi.