La CIA avait envisagé des "sérums de vérité" pour ses prisonniers après le 11-Septembre
Des médecins de la CIA avaient songé à utiliser des "sérums
de vérité" dans le cadre du programme d'interrogatoires poussés, assimilé
à de la torture, mis en place après les attentats du
11 septembre 2001, selon des documents rendus publics mardi 13
novembre.
Cette hypothèse avait été soulevée en raison de la résistance du
Palestinien Abou Zoubeida, soupçonné d'être l'un des cerveaux des attentats
contre les tours jumelles du World Trade Center, malgré des simulations de
noyade à répétition, la privation de sommeil ou l'enfermement dans des boîtes
en 2002.
"L'intensité et la durée des interrogatoires d'AZ a surpris
les médecins et a entraîné l'examen d'une alternative, a priori plus bénigne,
d'interrogatoires basés sur l'usage de drogues", selon un rapport
d'un ancien médecin chef de l'agence américaine du renseignement. Ce document
de 90 pages a été mis en ligne mardi par la puissante organisation de défense
des droits civiques ACLU qui a obtenu sa déclassification après une longue
bataille judiciaire.
Selon ce rapport, des médecins de la CIA s'étaient penchés sur
les précédents historiques et penchaient pour l'usage du puissant sédatif
midazolam, sans être convaincus de son efficacité."Il semble que, si un
individu peut endurer un interrogatoire intense, il pourra tenir face aux
narcotiques", écrivait son auteur, tout en notant que ces drogues "pourraient
servir d'excuses pour que le prisonnier se montre plus disert sans perdre la
face".
Les soutiens de cette idée se sont heurtés à l'interdiction pour
la CIA de mener des recherches médicales sur des prisonniers. Celle-ci avait
été décidée après le suicide d'une personne à qui du LSD avait été administré,
dans le cadre d'un programme secret dans les années 1950.
Après
avoir bataillé pour obtenir un feu vert du ministère de la Justice sur les
autres méthodes d'interrogatoires, le service juridique de la CIA "n'a
pas voulu soulever une nouvelle question auprès du ministère", selon
ce rapport. Dans un décret de 2009, l'ancien président démocrate Barack Obama a
mis un terme définitif à ce programme d'interrogatoires controversés, parfois
assimilés à de la torture et menés dans des prisons secrètes de la CIA.