Guerre en Ukraine : l’armée russe poursuit son pilonnage du Donbass
La Russie a continué de pilonner samedi
21 mai l'est de l'Ukraine et
affirmé avoir détruit avec des missiles de croisière un stock d'armes livrées
par les Occidentaux, au moment où le président américain Joe Biden signait la
loi prévoyant une nouvelle aide gigantesque de 40 milliards de dollars à
Kiev. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la phase actuelle de la
guerre, où les Russes concentrent leurs efforts dans l'Est, « sera
sanglante », mais in fine elle devra se résoudre « via la diplomatie ».
« Les discussions entre l'Ukraine et la Russie
auront forcément lieu », a-t-il déclaré à la télévision ukrainienne ICTV,
alors que des pourparlers ébauchés en Turquie il y a quelques semaines sont
restés lettre morte. Il s'est dit à nouveau prêt si nécessaire à une rencontre
avec son homologue russe Vladimir Poutine, qui n'a
jusqu'à présent jamais donné suite.
Volodymyr Zelensky, dans son habituel message vidéo
posté en soirée, a relevé que la situation militaire n'avait « pas évolué
de manière significative » samedi « mais ça a été très
difficile ». « La situation dans le Donbass est extrêmement
difficile », a-t-il insisté. Mais l'armée ukrainienne « repousse
cette offensive. Chaque jour que nos défenseurs perturbent les plans des Russes
nous rapproche du jour crucial, […] que nous désirons tous et pour lequel
nous combattons. Le jour de la victoire. »
Une
enveloppe de 40 milliards de dollars en soutien à l'Ukraine
L'état-major ukrainien a relevé dans son point matinal
quotidien dimanche que l'armée russe continuait « ses frappes de missiles
et aériennes sur tout le territoire », et même avait « augmenté
l'intensité en utilisant l'aviation pour détruire des infrastructures
cruciales ». La Russie a affirmé avoir frappé un important stock d'armes
fournies par les Occidentaux à l'Ukraine.
« Des
missiles Kalibr à longue portée et de haute précision, lancés depuis la mer,
ont détruit un important envoi d'armes et d'équipements militaires fournis par
les États-Unis et des pays européens, près de la gare de Malin, dans la région
de Jytomyr », a affirmé le ministère russe de la Défense. Il n'était pas
possible de vérifier cette information de source indépendante.
De son côté, Joe Biden a signé, pendant une
visite officielle à Séoul, la loi adoptée jeudi par le Congrès apportant une
gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars en soutien à l'Ukraine,
notamment pour son effort de guerre. Volodymyr Zelensky a salué à plusieurs
occasions samedi ce déblocage d'une aide « aujourd'hui plus nécessaire que
jamais ».
Severodonetsk
sous le feu des bombes
Moscou a diffusé dans la foulée une nouvelle liste
de 963 personnalités américaines interdites d'entrée en Russie. Ces
« contre-sanctions » visent à « contraindre le pouvoir américain
en place, qui essaye d'imposer au reste de la planète un “ordre
mondial” néocolonial […] à changer sa position et à reconnaître de
nouvelles réalités géopolitiques », selon le ministère russe des Affaires
étrangères.
Sur le terrain, après avoir échoué à prendre le
contrôle de Kiev et de sa région, les troupes russes concentrent depuis mars
leurs efforts sur l'est de l'Ukraine, où les combats sont intenses. Selon
Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, « les
Russes jettent tous leurs efforts pour capturer Severodonetsk » où les
frappes « ont été multipliées plusieurs fois ces derniers jours ».
« La ville est en train d'être détruite, comme
auparavant ils ont détruit Roubijné et Popasna », a-t-il dénoncé samedi
soir, affirmant que les forces russes avaient détruit le pont de Pavlograd
« ce qui va beaucoup compliquer l'évacuation des civils et les livraisons
des camions humanitaires ». La police ukrainienne a indiqué avoir évacué
une soixantaine de personnes, dont des enfants, d'une église bombardée à
Bogorodytchné, précisant qu'il n'y avait pas de victimes.
L'armée
russe recule dans les régions de Donetsk et Louhansk
Plus au nord, le gouverneur de la région de Kharkiv
Oleg Sinegoubov a déclaré que des localités des alentours avaient été visées
par de nombreux tirs d'artillerie au cours des dernières 24 heures, qui
ont fait un mort et vingt blessés. Kharkiv est la deuxième ville du pays,
proche de la frontière russe. Dans la région de Severodonestk, les Russes ont
mené des offensives et des assauts sur plusieurs localités, mais « ils ont
été forcés de se replier sur les anciennes positions » et ont subi
« des pertes », selon l'état-major ukrainien dimanche matin.
« Neuf
attaques ont été repoussées ces dernières 24 heures dans les régions de
Donetsk et Louhansk », a-t-il précisé, faisant la liste des équipements
russes détruits (chars, systèmes d'artillerie, véhicules blindés, un drone
Orlan-10, entre autres). Dans la ville martyre de Marioupol (Sud-Est),
largement détruite, près de 2 500 hommes des forces ukrainiennes se sont
constitués prisonniers cette semaine, selon les Russes.
Ces résistants, retranchés pendant des semaines dans
le complexe sidérurgique bombardé Azovstal après la prise de la ville par les
Russes, « seront ramenés à la maison », a promis
Volodymyr Zelensky sur ICTV, évoquant succinctement des discussions avec
la France, la Turquie et la Suisse à ce sujet.
La Russie va « étudier » la possibilité
d'échanger des combattants du régiment ukrainien Azov faits prisonniers contre
Viktor Medvedtchouk, réputé proche de Vladimir Poutine, a déclaré samedi le
député et négociateur russe Léonid Sloutski. Viktor Medvedtchouk,
67 ans, est un politicien et riche homme d'affaires ukrainien qui a été
arrêté mi-avril en Ukraine, alors qu'il était en fuite.
La
loi martiale et la mobilisation générale en place jusqu'en août
Par ailleurs, l'Ukraine est à l'initiative d'une
résolution qui doit être soumise à l'assemblée dimanche
des 194 membres de l'Organisation mondiale de la santé. Elle doit
dénoncer les attaques perpétrées par Moscou sur le système de santé, mais aussi
condamner les gravissimes conséquences de l'invasion et du blocus des ports
ukrainiens sur l'approvisionnement mondial et l'explosion du prix des
céréales.
Elle sera aussi bien présente dans les discussions au
Forum économique de Davos en Suisse, qui commence lundi après deux ans
d'interruption à cause du Covid-19. Volodymyr Zelensky sera lundi le premier
chef d'État à faire un discours, en visioconférence. Nombre de responsables
politiques ukrainiens feront le voyage en personne. En revanche, les Russes ont
été exclus.
Dans le même temps, Kiev – comme une large partie des
observateurs mondiaux – s'attend à un conflit qui pourrait s'inscrire dans
la durée. La loi martiale et la mobilisation générale ont été prolongées
dimanche pour trois mois, jusqu'au 23 août. Lors de deux votes, le
Parlement ukrainien, la Rada, a approuvé dimanche par la majorité absolue les
décrets présidentiels sur la loi martiale et la mobilisation générale. Le
président ukrainien avait signé le 24 février ces deux décrets.
Il s'agit de la troisième prolongation depuis le début des combats.