Guerre en Ukraine, en direct : la Finlande a officiellement demandé d’adhérer à l’OTAN
Ecartelée entre allégeance atlantique et défense
européenne, l’OTAN a retrouvé sa raison d’être et son unité
Vacillant sous les
coups de boutoir d’un Donald Trump qui, à peine élu président des Etats-Unis,
en 2017, l’avait décrétée « obsolète »,
diagnostiquée en « mort cérébrale » deux ans plus
tard par Emmanuel Macron, rongée par des divisions internes et des entorses
réitérées par le turbulent membre turc, affaiblie par le manque criant de
concertation entre alliés, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)
a essuyé tant de crises qu’elle a bien souvent paru à l’agonie.
Bien malgré lui,
Vladimir Poutine l’a brutalement ranimée, en la ramenant à sa mission
première : contrer la menace russe depuis l’invasion de l’Ukraine, le
24 février, écrivent nos journalistes Jean-Pierre Stroobants et Elise
Vincent.
Réunion des
ministres des affaires étrangères des pays de l'OTAN à propos de la situation
en Ukraine, à Berlin, le 15 mai 2022. JOHN MACDOUGALL / AFP
Les grandes étapes de l’adhésion à l’OTAN
Le processus d’intégration
à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est codifié, et comprend
plusieurs étapes :
- Une fois la décision prise par un pays tiers
d’adhérer, les membres de l’OTAN doivent accepter à l’unanimité de
l’inviter à les rejoindre. La Turquie est le dernier membre à convaincre,
concernant l’intégration de la Finlande et de la Suède.
- Après cette invitation, les pourparlers
d’adhésion commencent : deux réunions ont lieu au siège de
l’organisation, à Bruxelles, où le postulant doit convaincre les
représentants des pays et les experts de l’Alliance atlantique de sa
capacité à accepter « les obligations et engagements
politiques, juridiques et militaires découlant du traité de Washington et
de l’étude (de 1995) sur l’élargissement de l’OTAN ». La
discussion porte sur des questions juridiques, de sécurité et aussi sur la
contribution au budget commun.
- Le pays candidat s’engage à accomplir les
réformes nécessaires et adresse ensuite « une lettre
d’intention » au secrétaire général, avec un calendrier
précis.
- L’étape finale est la ratification du
protocole d’adhésion par chacun des Etats membres de l’OTAN : ils
transmettent leur acceptation du nouveau membre au gouvernement des
Etats-Unis, dépositaire du traité de l’Atlantique Nord.
Ce n’est qu’à l’issue
de ce processus − qui a duré un an pour le dernier membre, la Macédoine du Nord
− que le principe central de l’article 5 (solidarité en cas d’agression)
peut s’appliquer. Mais la Suède et la Finlande, en tant que membres de l’Union
européenne, bénéficient de la clause d’assistance mutuelle prévue par
l’article 42.7 pour la période du processus de ratification de leur
adhésion à l’OTAN. Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens
Stoltenberg, a promis un processus d’adhésion « rapide » et « des
solutions » pour répondre aux préoccupations de sécurité entre
l’acte de candidature et l’adhésion finalisée.
L’offensive russe dans le Donbass a pris « un
retard considérable », selon le renseignement britannique
Depuis son échec à
conquérir la capitale de l’Ukraine, Kiev, l’armée russe s’est regroupée dans
l’est du pays pour y consolider son emprise sur les régions de Donetsk et de
Louhansk. La région du Donbass concentre l’essentiel des combats.
Selon la dernière
note du renseignement militaire britannique publiée dimanche, la Russie aurait « probablement
perdu environ un tiers de la force de combat terrestre déployée en
février ». L’armée russe en Ukraine subit aussi un manque d’équipement
de pontage et de drones de reconnaissance. Le ministère de la défense
britannique en conclut que l’offensive sur le Donbass a pris « un
retard considérable » et qu’il est peu probable qu’elle progresse
rapidement au cours des trente prochains jours.
Pourquoi l’adhésion à l’OTAN n’a pas la même
implication pour la Finlande et la Suède
Les deux pays
nordiques partageaient une stratégie de non-alignement militaire, qui est
remise en cause par la guerre en Ukraine. Mais la Finlande, qui partage 1 340
kilomètres de frontière avec la Russie, a avancé avec plus de détermination à
rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, en officialisant sa
candidature dès dimanche, alors que la Suède se montre plus hésitante, comme
l’expliquait la semaine dernière la correspondante du Monde Anne-François
Hivert.