Publié par CEMO Centre - Paris
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Ukraine : les massacres de Boutcha et de Marioupol examinés par l’ONU

jeudi 12/mai/2022 - 02:19
La Reference
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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont la Russie est suspendue, doit se pencher, jeudi, sur les accusations d’exactions graves.
lus d'un mois après avoir suspendu la Russie de son Conseil des droits de l'homme, l'ONU, réunie en session extraordinaire, doit se pencher, jeudi 12 mai, sur les allégations d'exactions graves commises par la Russie en Ukraine, en particulier à Marioupol et à Boutcha. Cette réunion « sur la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine à la suite de l'agression russe » a été demandée par Kiev, qui, selon un premier projet de résolution, souhaite une enquête sur ce qui s'est passé dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy.
Il s'agit de la première réunion consacrée à la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine depuis que l'Assemblée générale de l'ONU a suspendu Moscou début avril de la plus haute instance de l'organisation internationale en matière de droits humains.
La Russie ayant anticipé sa suspension en renonçant à son statut de membre du Conseil des droits de l'homme, elle peut participer aux travaux du Conseil en tant qu'observateur. Elle a en outre, jeudi, la possibilité de faire usage de son droit de réponse en tant que pays concerné. Mais Moscou a décidé de ne pas participer. « La délégation russe ne va pas légitimer par sa présence ce nouveau show politique organisé sous forme d'une session extraordinaire », a annoncé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
« Malheureusement, nos arguments et éclaircissements sur les vrais objectifs de cette opération militaire spéciale et la situation réelle sur le terrain sont totalement ignorés. Il est évident qu'ils ne seront pas entendus cette fois non plus », a-t-elle déploré, en qualifiant cette session de « nouvelle démarche antirusse de l'« Occident collectif » ».
La haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, qui a déjà accusé l'armée russe d'actions « pouvant relever de crimes de guerre » en Ukraine depuis l'invasion du 24 février, doit ouvrir la session à 8 heures GMT. Le projet de résolution dénonce « le nombre alarmant de victimes civiles causées par l'agression contre l'Ukraine » et condamne les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.
« Enquête spéciale »
Le texte, qui peut encore faire l'objet de modifications, demande à la commission internationale d'enquête de l'ONU sur l'Ukraine de « mener une enquête spéciale, exhaustive et indépendante […] sur les événements survenus dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy fin février et en mars 2022 […] en vue de demander des comptes aux responsables ». Il demande également à Michelle Bachelet de faire le point – lors de la 50e session du Conseil (du 13 juin au 8 juillet) – sur la situation humanitaire et des droits humains à Marioupol, désormais presque entièrement sous contrôle des forces russes.
L'Ukraine, qui poursuit son combat diplomatique à Genève pour isoler l'envahisseur avec l'aide de ses principaux alliés occidentaux, est soutenue dans sa démarche devant le Conseil par plus d'une cinquantaine de pays. « Ensemble, nous envoyons un autre message fort à Poutine et à sa clique de criminels de guerre : vous êtes isolés comme jamais auparavant », a affirmé l'ambassadrice ukrainienne auprès de l'ONU, Yevheniia Filipenko, dans une vidéo sur Twitter.
« Nous voulons que l'ONU prenne des mesures concrètes pour lutter contre les violations des droits humains commises par la Russie en Ukraine et les crimes de guerre qu'elle commet quotidiennement contre notre peuple. Cela inclut une enquête de la Commission d'enquête sur les crimes commis par la Russie à Boutcha et dans d'autres zones libérées », a-t-elle demandé.
À l'issue d'une réunion début mars également demandée par Kiev, le Conseil des droits de l'homme avait adopté à une écrasante majorité une résolution par laquelle il avait décidé de créer d'urgence une commission d'enquête internationale indépendante.
Depuis, la diffusion dans les médias internationaux de photos prises à Boutcha et montrant des corps dans la rue, certains les mains liées dans le dos ou partiellement brûlés, ainsi que des fosses communes, ont provoqué une vague de condamnation internationale. L'ONU a documenté le meurtre de dizaines de civils dans cette petite ville devenue le symbole des atrocités imputées à la Russie. Mais Moscou nie toute responsabilité et parle d'une « mise en scène ».
Un premier procès pour crime de guerre en Ukraine
La justice ukrainienne va commencer cette semaine à juger les responsables présumés de crimes de guerre. Un soldat russe de 21 ans va ainsi être jugé pour le meurtre d'un civil près du village de Chupakhivka. Ce sera le premier procès avec le chef d'accusation de « crime de guerre » depuis que le pays a commencé à être envahi par la Russie le 24 février, a annoncé mercredi la procureure générale de Kiev.
Vadim Shishimarin est accusé d'avoir tiré avec une kalachnikov par la fenêtre à bord d'une voiture dans laquelle il circulait, abattant un civil de 62 ans qui n'était pas armé, a expliqué le bureau de la procureure Iryna Venediktova dans un communiqué, soulignant qu'il avait agi pour empêcher l'homme de témoigner dans une affaire de vol de voiture. Vadim Shishimarin, placé en détention, risque un emprisonnement à vie s'il est reconnu coupable de crime de guerre et de meurtre avec préméditation.

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