Guerre en Ukraine: Berlin prévoit des conséquences «pendant 100 ans»
mercredi 11/mai/2022 - 06:02
Au 77e jour de l'invasion russe en Ukraine, mercredi 11 mai, la menace russe s'éloigne de Kharkiv, la deuxième ville de l'Ukraine située dans l'est, pilonnée depuis fin février, ont affirmé les autorités ukrainiennes dans la nuit de mardi à mercredi, alors que le conflit pourrait s'étendre vers le sud-ouest selon Washington.
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Les points essentiels :
► La menace russe s’éloigne de Kharkiv, la deuxième ville de l’Ukraine pilonnée depuis fin février, a annoncé mardi soir Volodymyr Zelensky. « Les localités de Cherkasy Tychky, Rusky Tychky, Roubijné et Bayrak ont été libérées » mais « l’intensité des bombardements dans le district de Kharkiv a augmenté », a précisé l'état-major ukrainien.
► Une série de photos publiées sur la chaîne Telegram du régiment Azov témoigne des conditions difficiles dans lesquelles vivent les défenseurs ukrainiens blessés, parfois amputés, qui se terrent sous l'usine sidérurgique Azovstal, à Marioupol.
► Vladimir Poutine n'a pas l'intention de limiter sa volonté d'occupation à la seule région du Donbass en Ukraine, mais veut porter le conflit à la Transnistrie, région de Moldavie qui a fait sécession en 1990, a déclaré ce mardi la cheffe du renseignement américain, Avril Haines. « Nous estimons que le président Poutine se prépare à un conflit prolongé en Ukraine, durant lequel il a encore l'intention d'atteindre des objectifs au-delà du Donbass », a-t-elle déclaré lors d'une audition au Congrès.
► Le Congrès américain a franchi mardi une première étape vers le déblocage d'une nouvelle enveloppe faramineuse de près de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, suivant Joe Biden dans son soutien indéfectible à Kiev. Ce paquet doit désormais être voté au Sénat.
15h52 : 561 soldats de la Garde nationale ont été tués depuis le début du conflit
Quelque 561 soldats de la Garde nationale ukrainienne, à laquelle appartient notamment le régiment Azov retranché dans l'aciérie d'Azovstal à Marioupol, ont été tués depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, a affirmé mercredi le chef de cette institution, Oleksiï Nadtotchy. Il a précisé, durant un point presse diffusé en ligne, que 1 697 membres de la Garde nationale avaient en outre été blessés.
Ce chiffre est un rare bilan donné par un responsable ukrainien des pertes militaires enregistrées depuis le début de la guerre, les ministères de la Défense ukrainien comme russe ne communiquant généralement pas sur leurs propres pertes. Mi-avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait évalué à environ 2 500 à 3 000 le nombre de soldats ukrainiens morts. Environ 10 000 soldats ukrainiens ont été blessés et il est « difficile de dire combien d'entre eux survivront », avait-il ajouté.
15h33 : La justice ouvre une enquête sur des mères porteuses ukrainiennes réfugiées en France
La justice française se penche sur le cas de cinq mères porteuses ukrainiennes venues accoucher en France. L'Ukraine qui était, avant la guerre, une destination privilégiée pour les couples ne pouvant pas avoir d'enfants. L'association Juristes pour l'enfance a déposé cinq plaintes contre X auprès de plusieurs tribunaux la semaine dernière. Au moins l'un d'entre eux, le parquet de Saintes, également saisi par l'Aide sociale à l'enfance de Charente-Maritime, a ouvert hier (mardi 10 mai 2022) une enquête préliminaire, notamment pour « provocation à l'abandon d'enfant ».
D'après l'association Juristes pour l'enfance, opposée à la GPA, le « stratagème » est simple, la mère porteuse ukrainienne accouche en France sous X. Le père biologique a, lui, reconnu l'enfant avant sa naissance, son ou sa conjointe peut, alors, demander à l'adopter. Une manière de contourner l'interdiction de la gestation pour autrui en France estime cette association, la guerre n'étant selon elle qu'un prétexte pour récupérer facilement le bébé.
Des accusations réfutées par l'avocate de plusieurs couples français ayant passé un contrat avec des Ukrainiennes. Selon elle, c'est bien la guerre qui les a poussés à faire venir ces femmes en France afin qu'elles mettent au monde leur enfant en toute sécurité. Une décision exceptionnelle qui ne concerne que quelques familles, explique encore Me Clélia Richard.
Le Parquet de Saintes a ouvert une enquête préliminaire pour « provocation à l'abandon d'enfant », « entremise entre un couple et une personne acceptant de porter l'enfant » et « atteinte à l'état-civil d'un enfant ». La peine maximale encourue est de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
15h08 : Les réserves étrangères de la Banque centrale russe baissent
Les réserves en devises étrangères de la Banque centrale russe, qui atteignaient des records juste avant le début de l'offensive en Ukraine le 24 février, sont en train de baisser, selon les données publiées mercredi par cette institution. Ces réserves - dont environ la moitié est gelée à l'étranger - ont baissé de 14 milliards de dollars en une semaine, s'établissant à 593,1 milliards le 29 avril.
Les sanctions occidentales avaient porté un coup dur et inattendu à Moscou en bloquant la partie de ces réserves détenue à l'étranger, soit environ 300 milliards de dollars, peu après le début du conflit en Ukraine Ces réserves, un pilier de l'économie russe, avaient culminé à 643,2 milliards le 18 février, avant de commencer à reculer. Elles sont un instrument essentiel qui sert à soutenir le rouble et payer des créances internationales, deux points sur lesquels la Russie s'est retrouvée en difficulté du fait des sanctions occidentales.
14h42 : Prague autorise une centaine de Tchèques à aller combattre en Ukraine
Le président tchèque Milos Zeman a donné ce mercredi son feu vert à une centaine de citoyens tchèques pour aider l'armée ukrainienne à combattre les forces russes dans ce pays, a déclaré son porte-parole. Autrefois farouchement prorusse, Milos Zeman a changé de position après l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. Peu après, il a qualifié son allié de longue date, le président russe Vladimir Poutine, de « fou ».
La décision du président a été également approuvée par le Premier ministre Petr Fiala. Les deux hommes politiques ont convenu en mars de ne pas punir les Tchèques qui partent à la guerre aux côtés des troupes ukrainiennes. La loi tchèque interdit normalement aux citoyens de ce pays de combattre à l'étranger.
14h19 : L'Ukraine devra « lutter pendant 100 ans » contre les conséquences de la guerre affirme Olaf Scholz
L'Ukraine devra « lutter pendant 100 ans » contre les conséquences de la guerre actuelle, a prévenu mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz, en faisant un parallèle avec celles de la Seconde Guerre mondiale dans son pays.
« Ceux qui vivent en Allemagne savent que les bombes qui sont tombées pendant la Deuxième Guerre mondiale sont encore découvertes aujourd'hui et que les alertes à la bombe continuent. L'Ukraine devra donc se préparer dès maintenant à lutter pendant 100 ans contre les conséquences de cette guerre », a expliqué Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Berlin.
14h02 : La Roumanie fait un pas vers une extraction de gaz en mer Noire
Les sénateurs roumains ont voté ce mercredi une proposition de loi ouvrant la voie à l'extraction du gaz en mer Noire, un pas crucial pour compenser les importations russes, ciblées par des sanctions des Occidentaux depuis l'invasion de l'Ukraine. Adopté à une large majorité, le texte qui vise à « assurer la sécurité énergétique » de la Roumanie et lui permettre à terme de devenir un exportateur de gaz amende une loi adoptée en octobre 2018, dont les conditions restrictives ont bloqué tout projet d'extraction offshore. Il doit encore être soumis au vote des députés, a priori une formalité, pour une entrée en vigueur dès fin juin.
Exception au sein de l'Union européenne, la Roumanie dispose d'importantes réserves à terre mais doit encore se tourner vers la Russie en hiver pour couvrir environ 20% de ses besoins en gaz.
13h39 : Le volume de gaz russe à destination de l'Allemagne acheminé par un des principaux gazoducs ukrainien en baisse de 25%
Le volume de gaz russe acheminé en Allemagne dans un des principaux gazoducs transitant par l'Ukraine a diminué depuis mardi de 25%, a indiqué mercredi l'agence allemande gouvernementale chargée de l'énergie.
« En raison de la réduction du transit, les volumes de gaz acheminés vers l'Allemagne via l'Ukraine (par le gazoduc Megal) ont diminué de 25% par rapport » à mardi, a précisé cette agence sur son site internet, assurant toutefois que « ces volumes (étaient) actuellement compensés par des flux plus importants, notamment en provenance de Norvège et des Pays-Bas ».
13h15 : « Si l’Ukraine avait fait partie de l’OTAN, il n’y aurait pas eu de guerre », affirme Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien qui s'exprimait ce mercredi en visioconférence devant des étudiants français s'est dit convaincu que si son pays avait fait partie de l'Otan, la Russie ne l'aurait pas attaqué.
« La Fédération de Russie ne nous voit pas comme un Etat indépendant, elle veut gérer tous nos intérêts. Elle a peur de nous, de ce que nous pourrions devenir sans eux », a estimé Volodymyr Zelensky lors de cet échange qui a duré un peu plus d’une heure.
12h42 : Le ministre ukrainien des Finances appelle « maximiser » les efforts de dons
Le ministre ukrainien des Finances Serguiï Martchenko a appelé mercredi les partenaires internationaux de Kiev à « maximiser les efforts » pour aider son pays, notamment dans la perspective de sa future reconstruction, lors de l'assemblée annuelle de la Berd. « En défendant notre pays et en luttant contre la Russie, nous prenons un énorme risque (...) pour faire gagner cette guerre à l'Ukraine. Nous apprécierions que vous preniez un petit risque pour aider » le pays, a-t-il ajouté mercredi lors de cette conférence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).
« À l'heure actuelle, nous ne pouvons couvrir que 62% de nos besoins budgétaires primaires », hors dépenses militaires, a détaillé M. Martchenko, qui participait à l'événement par retransmission vidéo. Le déficit est largement financé par « l'aide internationale, la Commission européenne, le FMI, la Banque mondiale, la Berd, l'UE, les plus grandes économies des pays en développement », a-t-il ajouté.
« Le gouvernement ukrainien continue d'être pleinement opérationnel » et le pays « s'est engagé à assurer le service intégral de sa dette, le système bancaire ukrainien reste stable et liquide », a assuré M. Martchenko.
Le gouvernement ukrainien estime avoir besoin de 5 milliards de dollars par mois pour continuer à faire fonctionner l'économie du pays, a rappelé le ministre, appelant aussi les donateurs internationaux à réfléchir au financement de la future reconstruction du pays.