Dans le discours du prince Charles, cette autre grande absente se retourne contre Boris Johnson
ROYAUME-UNI - Assis à la gauche de la couronne dont il est l’héritier, le prince Charles est apparu solennel et appliqué, ce mardi 10 mai, pour son premier discours du trône. Un tournant justifié par les problèmes de mobilité dont souffre sa mère, la reine Elizabeth II. Vêtu de son uniforme de la marine chargé de médailles, Charles a égrené, dans un discours écrit par le gouvernement, les priorités du Premier ministre conservateur Boris Johnson.
“Défense de la démocratie” dans le monde et particulièrement en Ukraine, Irlande du Nord, réduction des inégalités régionales... de nombreux sujets d’actualité ont été évoqués par l’exécutif. Mais la question du pouvoir d’achat manquait à l’appel, selon plusieurs détracteurs de Boris Johnson.
Le parti travailliste et les syndicats se sont insurgés face à un discours qui, selon eux, est en décalage avec la réalité. Or, le discours de la reine, qui fait partie de l’ouverture officielle très solennelle du Parlement, permet au gouvernement de dévoiler son plan législatif pour la prochaine session.
Un discours “totalement détaché de la réalité”
Il faut dire que l’inquiétude concernant la hausse du coût de la vie est généralisée au Royaume-Uni alors que la Banque d’Angleterre a averti que l’inflation pourrait atteindre environ 10% cette année, rappelle la BBC.
La députée Liz Saville Roberts, cheffe du parti gallois, a déclaré que le discours était une “série décevante de platitudes d’un gouvernement totalement détaché de la réalité”. “Ce programme législatif ne fera rien pour faire face à l’aggravation de la crise du coût de la vie et ne fera qu’aggraver les divisions en persévérant avec un programme de plus en plus autoritaire”.
La secrétaire générale du syndicat Unison, Christina McAnea, a déclaré que le gouvernement était ”à court d’idées”, ajoutant: “Les ministres n’ont pas saisi la gravité de la situation … Rien d’annoncé aujourd’hui ne fera une moindre différence pour les millions écrasés par la flambée du coût de la vie”.
Le faste de la cérémonie du discours face au manque de mesures pour le pouvoir d’achat
Le leader du Parti national écossais, Ian Blackford, a, dans une tribune, dénoncé ces lacunes dans le discours et n’a pas manqué de mettre en opposition le faste de la cérémonie et la situation économique dans lequel se trouve le pays.
“Au-delà du faste, de la cérémonie et de la rhétorique, le discours de la reine n’a rien offert pour aider les personnes qui souffrent sous le régime des conservateurs, de crise du coût de la vie et qui peinent à joindre les deux bouts. Ce n’était pas seulement une occasion manquée - c’était un choix politique d’un gouvernement conservateur qui reste les bras croisés alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise inflationniste depuis 50 ans”, dénonce-t-il.
“La Banque d’Angleterre a confirmé la semaine dernière que nous étions au bord de la récession et, pendant ce temps le Premier ministre, et le chancelier sont trop dévorés par les scandales pour continuer leur travail quotidien”.