Guerre en Ukraine, en direct : soixante morts dans l’école bombardée de Bilohorivka ; le Royaume-Uni impose de nouvelles sanctions commerciales à la Russie
lundi 09/mai/2022 - 04:16
La Finlande et la Suède, membres de l’Union européenne (UE) mais historiquement neutres, ont chacun engagé un débat interne qui pourrait aboutir à des demandes d’adhésion à l’OTAN. Si le gouvernement suédois paraît encore hésitant, les Finlandais pourraient officialiser leur demande le 12 mai.
Pour qu’une demande d’adhésion à l’OTAN aboutisse, il faut un consensus au sein de l’organisation, qui promeut une politique de la « porte ouverte » pour quiconque remplit les critères politiques, économiques et militaires définis dans l’étude de 1995 sur l’élargissement : avoir un système politique démocratique fonctionnant bien et reposant sur une économie de marché ; traiter les communautés minoritaires de manière équitable ; s’engager à régler les conflits de manière pacifique ; être capables et désireux d’apporter une contribution militaire aux opérations de l’OTAN ; et être attachés au caractère démocratique des relations entre civils et militaires et des institutions.
Dans l’article 10 du Traité de Washington de 1949, qui détaille le protocole d’adhésion, il est précisé que celle-ci est actée dès lors que « tous les pays membres de l’OTAN ont notifié au gouvernement des États‑Unis d’Amérique, dépositaire du Traité de l’Atlantique Nord, leur acceptation des protocoles au traité relatifs à l’accession des nouveaux membres potentiels ». Or la Croatie, membre de l’Alliance depuis le 1er avril 2009, menace de s’opposer à ces deux adhésions putatives.
Plus précisément, le président croate, Zoran Milanovic, a formulé le chantage suivant le 26 avril : « L’adhésion de la Finlande à l’OTAN n’est qu’un charlatanisme dangereux, c’est comme si on taquinait un ours enragé en enfonçant un stylo dans son œil. Il faut la bloquer, tant qu’on n’aura pas trouvé de solution à la crise en Bosnie-Herzégovine ». Il fait référence à la crise politique aiguë qui se joue à Sarajevo depuis plusieurs mois, et dans laquelle la minorité bosno-croate s’estime lésée, notamment par le système électoral.
Mais il n’existe aucun lien entre cette crise, qui est du ressort de l’UE, et l’élargissement de l’OTAN. C’est ce qu’a rappelé à M.Milanovic le premier ministre Andrej Plenkovic, son principal rival politique, dans un système politique qui ressemble à la Ve République en temps de cohabitation. Le premier ministre (de centre droit) dirige le gouvernement avec le soutien du parlement, et le président (de centre gauche), élu au suffrage universel pour cinq ans, est le chef d’Etat, ainsi que le chef des Armées, qui a son mot à dire sur la politique étrangère. La remarque du président le mois dernier selon laquelle l’Ukraine était un « État corrompu » a incité le Premier ministre à s’excuser auprès du gouvernement de Kiev et a creusé le fossé entre les deux, Plenkovic laissant entendre que Milanovic était un « agent russe ».
Cette crise au plus haut sommet de l’Etat croate pourrait-elle avoir un impact sur l’adhésion de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN ? La question n’est pas tranchée. Selon cet article du journal croate Jutarjni List traduit par Courrier international, « la Croatie peut bloquer l’adhésion de la Finlande et de la Suède ou de tout autre pays à l’Otan, affirment des sources diplomatiques de l’Alliance atlantique. (…) Le président croate pourrait empêcher tout élargissement si c’est lui qui représente son pays au prochain sommet de l’Alliance atlantique, organisé à la fin de juin à Madrid. L’OTAN précise qu’il ne lui appartient pas de décider qui représentera la Croatie à l’OTAN, ni comment ce pays harmonisera sa position au sein des instances décisionnelles. Le choix revient à la Croatie. »
Pour Zarko Puhovski, professeur de sciences politiques à l’Université de Zagreb, cité par Bloomberg, « le devoir de Milanovic est d’harmoniser et de stabiliser le fonctionnement des institutions, mais ce qu’il fait est exactement le contraire. Dans ce qui est essentiellement un conflit interpersonnel au niveau de l’État, il risque d’entacher la réputation de la Croatie en Europe et de porter atteinte à la réputation du pays. »
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Le Royaume-Uni impose de nouvelles sanctions commerciales à la Russie et la Biélorussie
Le gouvernement britannique a annoncé dimanche un nouveau train de sanctions commerciales contre la Russie et la Biélorussie, avec des interdictions d’exportation visant l’industrie russe et la hausse de tarifs douaniers, notamment sur le palladium. « Cet important paquet de sanctions infligera encore plus de dommages à la machine de guerre russe », a déclaré la ministre du Commerce international, Anne-Marie Trevelyan, dans un communiqué.
Les tarifs douaniers vont augmenter de 35 points de pourcentage, notamment pour le platine et le palladium – utilisé dans l’industrie automobile –, tandis que les interdictions d’exportation visent des biens destinés aux secteurs manufacturier et de machinerie lourde en Russie, comme le plastique, le caoutchouc ou des machines. « La Russie est l’un des principaux pays producteurs de platine et de palladium et dépend fortement du Royaume-Uni pour exporter » ces produits, a souligné le gouvernement.
Ces sanctions portent sur 1,7 milliard de livres de biens en valeur (environ 2 milliards d’euros), a précisé l’exécutif, portant à plus de 4 milliards de livres la valeur des biens visés par des sanctions commerciales depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Le Royaume-Uni a aussi sanctionné depuis l’invasion plus de 1 000 individus et plus de 100 entreprises.
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Zelensky tance la Russie après le bombardement de l’école de Bilohorivka et à la veille des célébrations russes du 9 mai
« La Russie a oublié tout ce qui était important pour les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale », a accusé dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à la veille des commémorations en Russie du 9 mai célébrant la victoire sur l’Allemagne nazie.
M. Zelensky a fustigé dans un message vidéo dimanche soir « de violents bombardements » dans plusieurs régions ukrainiennes, dont un ayant entraîné la mort de 60 personnes dans une école de l’est, « comme si ce n’était pas le 8 mai aujourd’hui, comme si demain n’était pas le 9, alors que le maître mot devrait être la paix pour tous les gens normaux ». « L’Ukraine et le monde libre s’en souviendront », a-t-il lancé.
Selon M. Zelensky, l’Ukraine « a montré qu’elle faisait partie du monde libre et d’une Europe unie » face à « l’indépendance de Moscou dans le mal et la haine, que tout le monde verra demain ». Lundi, le traditionnel défilé militaire du 9 mai se tiendra à Moscou sur la place Rouge, l’occasion pour la Russie d’une démonstration de force en pleine invasion en Ukraine. « L’armée russe ne serait pas elle-même si elle ne tuait pas », a encore accusé M. Zelensky dans son message vidéo au moment d’évoquer les « 60 personnes tuées » dans une frappe samedi sur une école dans l’est de l’Ukraine où se réfugiaient des civils.