Publié par CEMO Centre - Paris
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Nouveau Premier ministre : pourquoi Emmanuel Macron met autant de temps à le choisir

lundi 02/mai/2022 - 04:58
La Reference
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Emmanuel Macron est toujours très lent pour choisir son Premier ministre et le gouvernement de ce dernier. Il aime prendre son temps pour trouver les bons équilibres, lancer des ballons d’essai. Les vérifications fiscales sont aussi très longues.
C’est l’une de ses marques de fabrique, son empreinte, sa signature. Emmanuel Macron aime remanier lentement. Alors que s’affolent les bookmakers politiques, que d’improbables castings occupent les conversations autour du zinc et du petit noir, lui cogite, consulte et semble prendre un malin plaisir à user les nerfs des partants tout autant que des impétrants.
Plus d’une semaine s’est déjà écoulée depuis le second tour et aucune fumée blanche ne semble se former sur le toit de l’Elysée. "Pour la formation du gouvernement, le Président va prendre son temps car il va vouloir montrer que c’est un moment très grave. Il va vouloir dire : j’ai conscience que j’ai gagné avec des gens très différents", nous assurait, avant le second tour, un jeune ministre qui connaît bien le Président. Emmanuel Macron manie le temps comme un symbole. "Il faut faire les choses en bon ordre. Écouter, respirer : il y a un apaisement à avoir avec toutes et tous, on sort de cette campagne présidentielle où il y a eu parfois un peu de tensions, il est important qu’on agisse et qu’il y ait un retour au calme et à la concorde", a-t-il lancé lors de son déplacement, vendredi, dans les Hautes-Pyrénées. Et d’ajouter : "c’est la première fois depuis 1965 qu’on a une continuité, donc il faut accepter avec beaucoup de délicatesse humaine de dire on a une équipe qui termine ce mandat […], on continue à préparer la suite, et puis l’investiture étant faite, pouvoir se reprojeter".
15 jours d’attente pour remplacer Collomb en 2018
Emmanuel Macron n’en est pas à son coup d’essai. Le 2 octobre 2018, Gérard Collomb, alors ministre de l’Intérieur, démissionne. Le Président, qui a déjà perdu Nicolas Hulot, souhaite en profiter pour faire un plus large remaniement. Mais les jours passent et… rien ne se passe. Édouard Philippe, au bord de l’épuisement, assure l’intérim tout en gérant les affaires de Matignon. Les ministres ne savent pas s’ils doivent ou non faire leur valise, la presse a déjà épuisé tous les scénarios possibles, les combinaisons probables… le Président, lui, réfléchit. Le 9 octobre, La Dépêche le surprend, en train de déambuler sur les quais de Seine, téléphone à la main. Une manière de montrer que la pression n’a pas de prise sur lui. Le remaniement sera finalement annoncé le 16 octobre au matin, soit 14 jours après la démission du ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron aime tant se faire désirer.
Cette fois encore, donc, il joue avec les nerfs de tous. "Profitez, c’est peut-être votre dernier déjeuner ici, s’amusait, la semaine dernière, un ministre de premier plan en admirant, un brin nostalgique, la magnifique vue sur la Seine qui a été son quotidien depuis 5 ans. D’autres sont plus fébriles. Il faut dire qu’en macronie rien n’est simple. Les équilibres à respecter entre hommes et femmes, de droite ou de gauche, jeunes et vieux, politiques et société civiles sont compliqués.
Comme en 2017, François Bayrou va peser de tout son poids pour voir certains de ses proches nommés en bonne place. Nouveauté du cru 2022, Édouard Philippe devrait faire de même. Emmanuel Macron va aussi devoir satisfaire les autres composantes de la majorité comme Territoires de Progrès le parti de Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt ou encore AGIR de Franck Riester et remercier les ralliés de la dernière heure comme Éric Woerth, Renaud Muselier ou François Rebsamen. Chacun des candidats est contacté, reçu. Son CV est décortiqué et surtout les services de l’État s’assurent qu’une partie de sa fortune n’est pas illégalement cachée en Suisse ou ailleurs.
Ces vérifications prennent du temps. Le fidèle Alexis Kohler aide le Président dans ses choix mais au final c’est ce dernier qui tranchera autant pour le choix du Premier ministre que pour celui des autres membres du gouvernement.

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