Publié par CEMO Centre - Paris
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La guerre en Ukraine aggrave le marasme économique en Syrie

vendredi 29/avril/2022 - 01:07
La Reference
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La réorientation d’une partie de l’aide internationale vers l’Europe avive la crise dans la région d’Idlib, où résident des millions de déplacés.
Le montant des factures impayées qu’Abou Khaled a accumulées chez les commerçants du camp de déplacés d’Al-Karama, dans la province syrienne d’Idlib, s’est envolé. Dans l’enclave rebelle sous tutelle turque, les prix ont quasi doublé depuis le début de la guerre en Ukraine : non seulement ceux du blé et de l’huile de tournesol, mais aussi ceux de tous les produits de consommation, affectés par la hausse du prix des carburants. Avec six enfants à charge, et sans aucun revenu, Abou Khaled accumule déjà près de 9 000 livres turques (550 euros) de dette. « C’est un désastre. Je ne pourrai jamais rembourser », dit-il au téléphone.

L’association locale qui distribue les paniers de vivres du Programme alimentaire mondial (PAM) a retiré Abou Khaled de la liste de ses bénéficiaires il y a trois mois, sans aucune explication, comme pour cent quarante autres familles de la section du camp où il vit. Il n’y a aucun emploi à pourvoir à des kilomètres à la ronde. Et, comme pour les 2,8 millions de déplacés vivant dans les camps surpeuplés du Nord-Ouest syrien, l’espoir de rentrer un jour chez lui – à Hama, dans le centre de la Syrie – s’est évanoui après onze ans de guerre.

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Dans le sillage du conflit russo-ukrainien, la crise économique qui sévit en Syrie s’est exacerbée, et les capacités d’intervention des organismes humanitaires sont mises à l’épreuve. L’impasse dans laquelle se trouve la crise syrienne, la pandémie de Covid-19 et la succession d’urgences humanitaires à travers le monde avaient déjà érodé le soutien des donateurs étrangers. Une partie des subsides internationaux est désormais réorientée vers l’Ukraine. « La Syrie est désormais hors des radars des donateurs, alerte Hisham Dirani, directeur de l’ONG syrienne Banafsaj. L’aide alimentaire se tarit alors qu’il y a 4,1 millions de personnes en insécurité alimentaire dans le Nord-Ouest syrien, et qu’il n’y a quasi plus d’argent pour l’éducation et la santé. »

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