Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

La bataille du Donbass pourrait être une nouvelle débâcle pour la Russie

jeudi 28/avril/2022 - 02:48
La Reference
طباعة
Après avoir subi une série de revers lors de son invasion de l'Ukraine et avoir battu en retraite à la suite de sa tentative de capturer Kiev en perdant quelque 20.000 soldats au passage, l'armée russe revoit sa copie et vise un objectif moins ambitieux: s'emparer du Donbass, à l'est de l'Ukraine.
Au bout de huit semaines de guerre, la question cruciale est de savoir si les Russes ont tiré la moindre leçon de cette catastrophique première phase et si le terrain de cette nouvelle campagne guerrière –des champs dégagés de l'autre côté de leur frontière– leur donnera un avantage au combat.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle étape du conflit va probablement être encore plus sanglante que la première –elle prendra la forme d'une guerre d'usure, avec des batailles tank contre tank, telle qu'on n'en avait plus vu en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine, les deux camps étaient encore dans la phase préparatoire et tiraient des obus d'artillerie sur leurs positions respectives dans l'espoir de venir à bout de l'endurance de l'autre et de se saper respectivement le moral avant que la partie écrasante des combats ne commence.
Sur la brèche
Cela fait maintenant des semaines que des bataillons de chars russes s'alignent le long des presque 500 kilomètres de frontière avec l'Ukraine dans le but, une fois les combats engagés à plein régime, de briser les défenses puis d'encercler les soldats ukrainiens de tous les côtés.
Cette tactique marche dans les deux sens: les Ukrainiens vont tenter d'ouvrir une brèche dans la ligne d'attaque puis d'encercler les soldats russes, et dans le même mouvement, de couper leurs lignes d'approvisionnement (ce qui est fort pratique, c'est que dans l'est, celles-ci dépendent des chemins de fer et que les Ukrainiens ont prouvé qu'ils savaient très bien les faire sauter).
Biden et certains dirigeants européens sont en train d'envoyer aux unités ukrainiennes des missiles antichars et anti-aériens supplémentaires, mais également des «armes lourdes».
L'enjeu va au-delà du Donbass, une région industrielle riche en charbon et qui compte environ 6% de la population ukrainienne. Les Russes continuent de faire monter la pression dans toute l'Ukraine, bombardent des cibles civiles et militaires à Kiev, Lviv et dans d'autres villes à l'ouest, et font le blocus de Marioupol, dans le sud-est. Si Poutine remporte le Donbass, cela pourrait ressusciter son ambition abandonnée de s'emparer du reste du pays, ou au moins de renverser le président Volodymyr Zelensky à Kiev.
Mais si Poutine se retrouve confronté à l'éventualité d'un échec au Donbass, il pourrait, dans un accès de brutalité visant à donner un électrochoc à Zelensky et à ses alliés occidentaux, lancer une attaque chimique ou nucléaire tactique pour qu'ils cessent la guerre avant qu'un enfer total ne se déchaîne vraiment (la doctrine militaire russe qualifie ce stratagème «d'escalade dans un but de désescalade»). C'est la principale raison pour laquelle le président Joe Biden et certains dirigeants européens s'abstiennent de faire davantage pression sur Poutine ou d'intervenir directement dans la guerre.
Il est donc vital de se demander, même à ce stade, quel camp entre dans cette nouvelle phase de la guerre avec la meilleure chance de la remporter. Sous un certain nombre d'angles, la géographie est favorable aux Russes. Le fait que le terrain soit dégagé donnera aux soldats ukrainiens moins de lieux où se placer en embuscade afin de piéger les colonnes de chars russes, comme ils l'ont fait devant Kiev.
Que deviennent les animaux abandonnés dans les ruines de l'Ukraine?
La proximité de la région avec la Russie signifie aussi que les lignes de ravitaillement sont plus courtes –les Ukrainiens les ont facilement perturbées pendant les premières batailles, privant les soldats russes de nourriture, de carburants et de munitions. La Russie a également l'avantage d'être l'agresseur dans cette invasion. Les soldats russes qui ont livré les premières batailles sont redéployés au Donbass et raffermissent ainsi l'avantage numérique dont jouit déjà la Russie en matière de nombre de combattants et de puissance de feu.
Pas si simple
Pour autant, ces avantages peuvent ne pas s'avérer décisifs.
Biden et certains dirigeants européens sont en train d'envoyer aux unités ukrainiennes non seulement des missiles antichars et anti-aériens supplémentaires, mais également des «armes lourdes» –tanks, véhicules de combat blindés, artillerie et hélicoptères, dont beaucoup devraient arriver dans les jours qui viennent. Pendant la première phase de la guerre, ces dirigeants n'ont pas osé fournir ces armes plus mortelles, plus mobiles et à plus longue portée, inquiets à l'idée que Vladimir Poutine considère ces envois comme une escalade provocatrice de l'engagement de l'OTAN dans la guerre et ne riposte en lançant des attaques chimiques ou nucléaires.

"