Economie-Soudan-USA : 20 ans après, le Soudan veut sortir de la liste des Etats soutenant le terrorisme
Le Gouvernement soudanais cherche à retirer son nom de la
liste des États qui parrainent le terrorisme par le biais de négociations
sérieuses et formelles avec les États-Unis. Cela pourrait aider ce pays
africain à réintégrer la communauté internationale et à relancer son économie
en perpétuel déclin.
Le ministre soudanais des Affaires étrangères, Dardari
Mohammed Ahmed, a rencontré cette semaine des représentants du département
d'Etat à Washington. Les deux parties ont convenu d'entamer des pourparlers
formels à l'issue de la première phase du dialogue qui a conduit Washington à
lever l'interdiction de commerce avec le gouvernement soudanais depuis 20 ans,
notamment en octobre 2017.
Le Soudan figure sur la liste des États qui parrainent le
terrorisme depuis 1993, date à laquelle Khartoum a été accusé – toujours sous
la direction d’Omar al-Bashir - d’héberger des terroristes, y compris Oussama
ben Laden, qui vivait au Soudan de 1991 à 1996.
Les États-Unis ont intensifié leurs pressions sur
Khartoum en 1997, en imposant des sanctions qui empêchaient les entreprises
américaines de commercer avec le Soudan et les rendaient plus complexes pour
toute société étrangère. Le Soudan figure sur la même liste que l’Iran, la Syrie
et la Corée du Nord.
Un porte-parole du ministère soudanais des Affaires
étrangères a confirmé que M. Dardiri était aux États-Unis pour des entretiens,
mais aucun progrès n’a été alors mentionné.
Quel avantage pour le Soudan d’être banni de ladite
liste?
Dans une interview accordée au Financial Times, M.
Dardiri a déclaré que retirer son pays de la liste soutenant le terrorisme des
Etats-Unis était l'objectif de la politique étrangère du gouvernement. « Nous
les avons déjà engagés et nous espérons vivement que nous serons bientôt sur la
bonne voie ».
La conséquence de ces sanctions était la souffrance
continue de l’économie soudanaise. La livre soudanaise a chuté de 85% par
rapport au dollar depuis le début de l'année et l'inflation a atteint 68% en
septembre.
Dardairi a déclaré que le retrait du Soudan de ladite
liste aiderait à convaincre les banques internationales de traiter avec le pays
et permettrait au gouvernement de traiter avec le FMI au sujet de l'allégement
de la dette et de l'aide financière.
Le Soudan a une dette extérieure d'environ 50 milliards
de dollars, mais il est incapable d'accéder à un allégement de sa dette tout en
restant sur la liste étasunienne.
L'inscription du Soudan sur la liste américaine des États
soutenant le terrorisme empêche Khartoum d'obtenir toute assistance économique
extérieure d'institutions internationales telles que la Banque mondiale et interdit
les importations par le Soudan de biens ayant plusieurs utilisations
militaires, moyennant un préavis de 30 jours du Congrès américain.
Le Soudan s'est félicité du lancement de la deuxième
phase du dialogue stratégique avec les États-Unis, qui visait à élargir la
coopération bilatérale et à réaliser de nouveaux progrès dans plusieurs
domaines d'intérêt commun, en particulier après le succès de la première phase,
qui a abouti à la levée des sanctions économiques contre le Soudan.
Khartoum a mis en place un ensemble de mesures
économiques: la banque centrale soudanaise a publié le mois dernier le taux de
change, renforçant l'attrait des transferts de fonds des travailleurs
étrangers, estimés à environ 6 milliards de dollars, ainsi que le soutien à la
farine destinée à réduire les prix du pain afin de relancer l'économie
soudanaise. Le gouvernement a promis aux citoyens maintenir la subvention telle
que prévu dans le budget de l'année de 2019.
Le gouvernement soudanais estime que le pays peut
atteindre une croissance économique de 10% tout en prenant des mesures
d'austérité, notamment en réduisant la demande gouvernementale, tout en
continuant de restructurer les agences de l'Etat et en gelant les budgets de
gouvernance des institutions nationales, selon CNN.