Point de vue. Adieu l’Europe, l’avenir de la Russie est en Asie
mardi 26/avril/2022 - 01:32
Imaginons une issue à l’invasion de l’Ukraine : un accord territorial permettant au président russe, Vladimir Poutine, d’asseoir son emprise sur certaines régions de l’est de l’Ukraine, lui offrant notamment un pont terrestre entre la Russie et la Crimée. Un grand nombre de réfugiés ukrainiens pourraient revenir de leurs refuges européens afin de reconstruire leur pays, brisé mais fier.
Toutefois, si Poutine s’en tire, il en ira de même du poutinisme et de la tradition des hommes forts réglant les différends par la violence, suivant leur caprice. Bien qu’il constitue une atteinte odieuse à l’ordre européen d’après-guerre, ce procédé n’est pas sans précédent en Asie, où Poutine cherche de plus en plus inspiration et soutien.
Même avant l’invasion de l’Ukraine, la Russie tendait de plus en plus à s’intégrer au continent asiatique. Ces dix prochaines années, il faut s’attendre à ce que la Russie devienne un acteur majeur dans cette région.
Le soutien à Moscou de Pékin et New Delhi
Si la Russie a annoncé sa sortie du Conseil de l’Europe, elle a obtenu aux Nations unies le soutien, ou l’abstention, des grandes puissances du continent asiatique, comme la Chine et l’Inde, même si les démocraties libérales comme l’Australie et le Japon ont condamné les actions de la Russie avec autant de vigueur que les membres de l’Otan. La Chine et l’Inde ont beau être rivales et opposées par de nombreux différends frontaliers, elles soutiennent la Russie de facto – et même de jure – par leur refus de condamner l’invasion de l’Ukraine. Et ces deux pays ont de bonnes raisons de le faire.
La Chine mène une politique de répression envers les Tibétains et les Ouïgours depuis des décennies et pourrait bien envahir et occuper Taïwan dans les prochaines années, selon la vision nationale du président chinois, Xi Jinping, dans laquelle Taïwan représente la même chose que l’Ukraine pour Poutine.
Si la Chine a déclaré officiellement ne pas prendre parti dans la guerre en Ukraine et malgré des campagnes sur les réseaux sociaux pour censurer les contenus prorusses, la Chine est surtout opportuniste et elle tire avantage à la fois d’un Occident embourbé dans la crise et d’une Russie affaiblie.