Election présidentielle 2022, en direct : « On en a ras le bol des gouvernements. Il faut essayer autre chose »
dimanche 24/avril/2022 - 02:35
La participation s’élève à 26,41 % à midi, en hausse de près d’un point par rapport au premier tour, mais elle est plus faible que lors du second tour de 2017 (28,23 %). Marseille, Paris, Lyon, La Réunion, Toulouse… Les Français doivent choisir, dimanche, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Michèle Picard, maire (PCF) de Vénissieux, a voté en fin de matinée dans le bureau de la rue Max Barel, en présence de notre correspondant à Lyon, Richard Schittly. Comme la plupart des observateurs des bureaux, l’élue note la baisse de mobilisation. A 11 h 30, le bureau 5 de Vénissieux enregistre 200 votants sur 1 120 inscrits, nombre bien inférieur à celui du premier tour. « L’essentiel, c’est de faire barrage à l’extrême droite, mais il y a une difficulté pour les électeurs des quartiers populaires, ils éprouvent un tel rejet de la politique d’Emmanuel Macron qu’ils ont du mal à être sensibilisés à l’enjeu de ce second tour », redoute Michèle Picard.
La maire du dernier bastion communiste de l’agglomération lyonnaise a glissé un bulletin Macron dans l’urne. « Il y a une différence fondamentale de nature entre les deux candidats. Il faut d’abord battre Marine Le Pen, et ensuite on pourra combattre la politique d’Emmanuel Macron, mais il ne faut pas rater cette étape » estime Michèle Picard. Jean-Luc Mélenchon a obtenu 48,78 % au premier tour à Vénissieux. Où va son électorat ? « Le barrage contre l’extrême-droite ne s’impose plus comme une évidence, les jeunes générations n’ont pas la perception du danger » observe la maire de Vénissieux.
La Seine qui coule à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne) a de doux reflets verts. A quai, de longues péniches. Et Jean-Pierre Laurent, 59 ans, qui remballe son matériel de pêche avant d’aller déjeuner. « Voter ? » Il rit. « Ah non, ça fait longtemps que je fais plus ça ! » Il ne se rappelle même pas de son dernier bulletin dans l’urne. « C’est truqué d’abord : comment ils peuvent annoncer des résultats dès 20 heures alors que des bureaux viennent de fermer ? » Ce soir, il ne regardera même pas la télé à 20 heures.
« Que ce soit l’un ou l’autre ça ne changera rien pour moi », estime ce chauffeur-routier. Il partira en retraite au 1er décembre, à 60 ans tout juste « parce que j’ai déjà plus de trimestres qu’il n’en faut ». Mais ni le débat sur la proposition d’Emmanuel Macron sur la retraite à 65 ans, pas plus qu’aucun des sujets de la campagne n’a retenu son attention. Lui, ce qui l’anime, c’est surtout l’ouverture de la pêche aux carnassiers, Brochet, Sandre, le 30 avril. Plus qu’une semaine à patienter. Il se prépare : « Je suis venu ce matin pêcher des petits poissons pour attraper les gros, explique-t-il enthousiaste. C’est pas comme la politique ça, c’est du concret : ça mord, ou ça mord pas ! »
Un peu plus loin, Eric et Béatrice, 49 et 48 ans, promènent en laisse leur deux Setter anglais, Jet et Rodin sur les bords de la Seine. Ils ont voté dès 8 heures chez eux, près de Fontainebleau, avant de rejoindre pour la journée leur caravane au camping du Bray-sur-Seine. Chacun a choisi un candidat différent. « Bah c’est la démocratie ! Et ça fait longtemps que les femmes ont le droit de ne pas voter comme leur époux », sourit Eric. Lui qui s’intéresse à la politique se dit déçu. « Y’a pas un candidat meilleur que l’autre. Le niveau de la classe politique est très faible. J’ai revu sur internet le débat Chirac-Mitterrand, et même celui Royal-Sarkozy : le niveau était excellent ! »
Mais celui de mercredi ne l’a pas convaincu : « Lui il est d’une arrogance, c’est affreux. Il connaît bien ses sujets mais normal, il est là depuis 5 ans. Elle, elle s’est assouplie. Mais en dessous, les militants c’est les mêmes : une maison quand vous mettez un coup de peinture dessus, ça la rend pas étanche pour autant ! » Il a tout de même voté pour Marine Le Pen. « Parce que nous, la classe moyenne, on s’est fait assassiner ! se fâche-t-il soudain. La taxe d’habitation [progressivement supprimée selon le niveau de revenus des foyers, durant le quinquennat] on a été les derniers à la payer ! Et l’essence ? On a deux voitures, on n’a pas le choix car on habite la campagne. Et y’a le crédit de la maison, les impôts : dans la tranche où on est on se fait assassiner ! Et qu’on ne me parle pas de travailler plus ! Je suis chauffeur livreur je fais déjà 12 heures par jour ! » Béatrice ose à peine dire qu’elle est fonctionnaire : « Oh c’est pas génial vous savez… Avant on était bien, mais c’est plus que c’était ! ».