GUERRE EN UKRAINE: LA RUSSIE A-T-ELLE LES MOYENS D'OCCUPER LE DONBASS ET LE SUD DU PAYS?
samedi 23/avril/2022 - 02:35
L'armée russe a annoncé un nouveau changement de stratégie vendredi, préférant concentrer ses efforts sur le sud et l'est de l'Ukraine. Un discours offensif qui met de côté les difficultés rencontrées par Moscou sur le terrain.
Vladimir Poutine a-t-il les moyens de ses ambitions? Alors que les forces russes concentrent désormais leurs efforts dans l'est et dans le sud de l'Ukraine, Moscou connaît plusieurs revers sur le terrain qui questionnent sur les capacités effectives de l'armée russe à progresser face à la résistance ukrainienne. A court et moyen termes, la région du Donbass et le sud de l'Ukraine n'apparaissent pas comme des objectifs si simples pour la Russie, selon des experts.
"Une forte résistance" ukrainienne
Après près de deux mois de conflit, l'armée russe continue son offensive contre l'Ukraine, mais connaît plusieurs déboires, entre le naufrage de son croiseur Moskva, considéré comme l'un de ses fleurons militaires, ou le départ de ses troupes de la région de Kiev et voit la guerre s'enliser. L'invasion du sud et de l'est de l'Ukraine par Moscou constituent-ils donc des objectifs réalistes?
Pour le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV, l'occupation du Donbass par les Russes, qui représente un objectif pour Moscou "depuis le début de la guerre", semble "probable".
Peer de Yong, vice-président de l'institut Themiis estime pour sa part que "globalement le Donbass est accessible" à "moyen terme", à condition que "les Russes percent massivement sur un ou deux, trois points, ce qu'ils ont l'air d'avoir fait". L'objectif n'est cependant pas garanti d'être atteint à long terme, selon lui. "Qu'ils le tiennent, c'est une autre histoire", prévient-il.
Concernant le sud du pays, la tâche paraît plus complexe pour Moscou, selon le consultant défense. "La difficulté pour l'armée russe, c'est qu'il y a une forte résistance du côté de Kherson", analyse le général Jérôme Pellistrandi, qui n'hésite pas à parler d'une "guérilla" ukrainienne dans ces territoires.
Peer de Yong abonde. Selon le spécialiste en géopolitique, l'évolution du conflit est conditionnée à "la capacité de résistance des Ukrainiens" d'une part et à "sa capacité à avoir du matériel neuf", d'autre part. Sur ce dernier point, l'expert est plutôt optimiste: "On voit que depuis quelques jours les Américains, les Européens essayent d'approvisionner cette armée", alors que les forces ukrainiennes manquent à la fois d'armes et d'hommes.
Un "différentiel" entre le discours de Moscou et le terrain
Si la Russie adopte un discours très offensif et que "l'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", selon des propos tenus vendredi par un haut responsable militaire russe, le général Pellistrandi tempère ce discours.
"Il y a un différentiel entre les ambitions de Moscou, déjà revues à la baisse, et la réalité sur le terrain", estime-t-il.
Moscou a annoncé vendredi viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass, un tournant stratégique dans le conflit, après avoir privilégié dans un premier temps une offensive plus globale de l'Ukraine avec un succès relatif.