Xi Jinping critique les sanctions des Occidentaux face à la Russie, sans les nommer
jeudi 21/avril/2022 - 03:30
Le président chinois s'est de nouveau opposé aux sanctions unilatérales, sans mentionner directement les mesures prises par l'Occident contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Une posture ambigüe prise depuis le début de la guerre. En parallèle, Xi Jinping s'est opposé au « découplage » (sanctionner sans avoir de conséquences sur l'environnement). Il a aussi réaffirmé la résistance de l'économie chinoise qui, malgré des confinements stricts, notamment à Shanghai, a enregistré une croissance en hausse de 4,8% au premier trimestre.
La Chine maintient sa position ambigüe concernant la guerre en Ukraine. Son président, Xi Jinping, a réaffirmé ce jeudi 21 avril lors d'un discours diffusé durant le Forum de Boao pour l'Asie, l'opposition du pays aux sanctions unilatérales, sans mentionner directement les mesures prises par l'Occident contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine.
Depuis bientôt deux mois, la Chine a régulièrement critiqué les sanctions occidentales, dont celles imposées à la Russie, veillant toutefois à ne pas venir en aide à Moscou, ce qui pourrait mener à ce que des sanctions soient décidées contre elle.
« La Chine souhaite proposer une initiative de sécurité mondiale qui respecte le principe de l'indivisibilité de la sécurité », a déclaré Xi Jinping. La Russie a insisté pour que les gouvernements occidentaux respectent un accord de 1999 basé sur le principe de « sécurité indivisible » selon lequel aucun pays ne peut renforcer sa propre sécurité au détriment des autres.
« Nous devrions défendre le principe de l'indivisibilité de la sécurité, construire une architecture de sécurité équilibrée, efficace et durable, et nous opposer à la construction de la sécurité nationale sur la base de l'insécurité dans d'autres pays », a ajouté le président chinois.
Le numéro d'équilibriste de Pékin
Depuis le début de la guerre, Pékin affirme être du côté de la paix sans avoir jusqu'à présent condamné l'invasion russe en Ukraine. La Chine a même imputé la crise ukrainienne à l'expansion de l'Otan vers l'est. La position de la Chine vis-à-vis de la Russie tranche avec celle des Occidentaux, qui ont fermement condamné l'opération militaire en Ukraine et imposé des sanctions contre l'économie et les dirigeants russes, notamment des gels d'avoirs et des interdictions de transactions contre les grandes banques russes.
Cette position a d'ailleurs été critiquée la semaine dernière par la secrétaire américaine au Trésor. Ce à quoi Zhao Lijian, un porte-parole de la diplomatie chinoise a répondu : « Nous déployons de grands efforts pour apaiser la situation, résoudre la crise et rétablir la paix », avait-il déclaré, appelant à ne pas « déformer la position » de Pékin.
« La souveraineté de l'Ukraine doit être préservée. Les préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité doivent également être respectées », avait-il répété lors d'une conférence de presse le mercredi 13 avril. Et d'ajouter : « Le temps finira par prouver que la Chine est du bon côté de l'histoire ».
Une économie chinoise qui se maintient
Lors de son intervention au Forum de Boao, Xi Jinping a également indiqué que le « découplage » - le fait de viser une croissance économique sans augmenter les atteintes à l'environnement - et les moyens de pression tels que l'interruption des chaînes d'approvisionnement ne fonctionneraient pas. Selon lui, des efforts sont nécessaires pour stabiliser les chaînes d'approvisionnement mondiales, ajoutant toutefois que l'économie chinoise était résistante et que sa tendance à long terme n'avait pas changé.
L'économie chinoise est confrontée à des vents contraires dus à l'impact de ses efforts pour combattre l'épidémie de coronavirus, en particulier dans son centre économique de Shanghai. Xi Jinping n'a pas spécifiquement mentionné l'épidémie de Covid-19 lors de son discours.
Les mesures de restrictions imposées à Shanghai ont d'ailleurs été légèrement assouplies depuis la semaine dernière a indiqué la mairie ce mercredi 20 avril. Sur les 25 millions d'habitants en principe soumis à un strict confinement à domicile, près de la moitié peuvent techniquement sortir de chez elles, mais doivent rester dans l'enceinte de leur résidence ou de leur quartier. En théorie, les habitants des quartiers où aucun cas n'a été signalé au cours des 14 derniers jours peuvent circuler librement.
La politique de zéro Covid nuit gravement aux transports et aux chaînes d'approvisionnement. Elle a entraîné la mise à l'arrêt de très nombreuses entreprises et pèsent sur l'économie du géant asiatique. Les autorités ont commencé à répertorier les entreprises dites stratégiques dans lesquelles la production doit continuer. Plus de 600 sociétés ont été sélectionnées pour une reprise anticipée du travail à Shanghai.
Malgré cela, la Chine a annoncé en début de semaine un rebond de sa croissance économique au premier trimestre de +4,8% sur un an. D'un trimestre à l'autre, la croissance du géant asiatique est en hausse de 1,3% seulement, un rythme inférieur à celui de la période octobre-décembre (1,6%). L'économie chinoise fait face « à des défis importants », a toutefois reconnu un haut responsable économique.