Guerre en Ukraine : les drones Bayraktar, pomme de discorde entre Ankara et Moscou
lundi 18/avril/2022 - 08:01
Les appareils fabriqués par une société turque auraient joué un rôle dans l’attaque du croiseur russe « Moskva », qui a coulé jeudi en mer Noire.
Les livraisons par la Turquie de drones armés Bayraktar TB2 à l’armée ukrainienne qui les utilise avec une efficacité redoutable contre les colonnes blindées russes et vante leurs prouesses sur les réseaux sociaux, constitue depuis plusieurs semaines une pomme de discorde entre Moscou et Ankara.
Capables de voler pendant vingt-quatre heures à plus de 18 000 pieds dans un rayon d’action estimé à 150 kilomètres, dotés de plusieurs missiles, ces engins d’attaque avaient déjà fait leurs preuves en Syrie, en Libye et lors de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, à l’automne 2020.
L’Ukraine en avait acquis une vingtaine avant la guerre et une dizaine de plus a pu lui être livrée après l’invasion russe, ce qui a achevé d’irriter le président Poutine. « Les Russes avaient l’habitude de se plaindre et ils se plaignent en ce moment », a confié un haut fonctionnaire d’Ankara à l’agence Reuters le 8 avril.
Le récent naufrage du Moskva, le navire amiral de la flotte russe en mer Noire, a probablement encore avivé les griefs de Moscou. Des drones TB2 auraient joué un rôle dans la disparition du croiseur, qui a sombré au large d’Odessa le 14 avril, après avoir été semble-t-il touché par deux missiles ukrainiens.
Selon des médias turcs et ukrainiens, peu avant la frappe, deux TB2 auraient survolé le navire, à des fins de renseignement, de brouillage, ou bien pour servir de leurre. C’est en partie grâce à l’action de ces appareils que les militaires ukrainiens ont pu tirer avec succès deux missiles sur le navire pourtant équipé d’un puissant radar et d’un système antimissile. Moscou affirme que son croiseur a coulé à la suite d’un incendie accidentel, mais sans convaincre.
« Vulnérabilité des systèmes russes »
« La guerre en Ukraine a révélé la vulnérabilité des défenses aériennes russes face aux drones de fabrication turque, en particulier les TB2 », souligne Can Kasapoglu, un expert militaire averti, sur le site du think tank Hudson Institute le 15 avril. On ne compte plus les systèmes russes antiaériens SAM qui ont été détruits en Ukraine par des TB2. D’autres systèmes, tels que les Tor-M2 et les Pantsir, que la Russie affirme pourtant avoir modernisé de façon à intercepter les drones, n’ont pas davantage résisté.
« La vulnérabilité des systèmes russes a été documentée à plusieurs reprises et dans diverses situations – en Syrie, au Haut-Karabakh, en Libye et maintenant en Ukraine. Si l’armée russe ne peut pas faire face aux drones sur son champ de bataille le plus important sur le plan géopolitique, cela signifie que ses systèmes de défense aérienne ne sont pas à la hauteur », estime M. Kasapoglu.