Publié par CEMO Centre - Paris
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La Finlande et la Suède bientôt dans l'Otan? Pourquoi la Russie se crispe autant

dimanche 17/avril/2022 - 04:03
La Reference
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Helsinki et Stockholm, historiquement neutres, pourraient envisager de rejoindre l'Otan après l'invasion russe en Ukraine.
 Et si la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine se retournait contre elle? Moscou a lancé un avertissement à la Suède et la Finlande vendredi 15 avril: si elles rejoignent l’Otan, des “conséquences” seront à prévoir. Si le président ukrainien, sous la pression, a finalement reculé sur sa volonté de rejoindre l’Otan, ces deux pays, officiellement non alignés jusque-là, sont prêts à envisager un rapprochement avec l’alliance atlantique, l’offensive militaire russe contre l’Ukraine et ses atrocités les ayant fait réfléchir. 

Ces pays “doivent comprendre les conséquences d’une telle mesure pour nos relations bilatérales et pour l’architecture sécuritaire européenne dans son ensemble”, a prévenu la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, dans un communiqué. “Être membre de l’Otan ne peut renforcer leur sécurité nationale. De facto, (la Finlande et la Suède) seront la première ligne de l’Otan”, a-t-elle encore indiqué. 

Jeudi, déjà, l’ex-président russe et actuel numéro deux du Conseil de sécurité de Russie Dmitri Medvedev a affirmé que si la Finlande ou la Suède rejoignaient l’Otan, la Russie renforcerait ses moyens militaires, notamment nucléaires, en mer Baltique et près de la Scandinavie.

Il faut dire que cette idée a de quoi faire paniquer le Kremlin, puisque c’est justement pour éviter d’avoir l’Otan à ses portes qu’elle a décidé d’envahir l’Ukraine. 

Faire une guerre pour éloigner l’Otan, et prendre le risque de la trouver à ses portes
Lorsque Vladimir Poutine a lancé son invasion, l’un de ses objectifs était de faire s’opposer à toute velléité de l’Occident de s’étendre militairement et politiquement vers les frontières russes. Or, la Finlande a quelque 1300 km de frontière avec la Russie. En effrayant ses voisins avec sa guerre en Ukraine Moscou a pris le risque de les précipiter dans les bras atlantistes et de se retrouver in fine à partager une plus grande frontière avec l’Alliance. 

De quoi constituer un “désastre diplomatique pour Moscou”, note CNN. Un outrage qui s’ajouterait aux humiliations déjà essuyées par le Kremlin dans le conflit en cours, face à la résistance ukrainienne sur le terrain et le naufrage de son vaisseau amiral Moskva le 14 avril. D’autant plus que cette invasion a déjà coûté, selon des chiffres de l’Otan dévoilés le 7 avril, entre 7000 et 15.000 hommes à l’armée russe. 

Ce ralliement de Stockholm et d’Helsinkin serait par ailleurs paradoxal puisque la Finlande a inspiré, malgré elle, le terme “Finlandisation”, note le journaliste Pierre Haski sur France Inter. Ce mot désigne une neutralité imposée autrefois par l’Union soviétique. En 1945, après plusieurs tentatives d’invasion de la Russie, la Finlande a accepté de s’aligner avec la politique extérieure de la Russie tout en restant souveraine de sa propre politique interne. Cette neutralité forcée permettait à la Russie de garder une frontière avec un pays par lequel elle ne se sentait pas menacée. Ce qui ne serait donc plus le cas si ralliement il y a. 

Qui dit frontière avec l’Otan doublée, dit grande défense
L’enjeu est aussi militaire. Si la Finlande bascule dans le giron de l’Alliance, les États-Unis pourraient alors y déployer des équipements militaires avancés.

En cas d’adhésion,“les frontières de l’Alliance avec la Russie feraient plus que doubler. Et ces frontières, il faudra les défendre”, a relevé l’actuel numéro deux du Conseil de sécurité de Russie dans un message sur Telegram.

“Dans ce cas, il ne pourra être question d’une Baltique non-nucléaire”, a-t-il ajouté. Il évoque également des déploiements d’infanterie et de systèmes anti-aériens dans le Nord-Ouest de la Russie et des forces navales dans le golfe de Finlande.

Mentionnant les populations finlandaises et suédoises, il a estimé que “personne de sain d’esprit (...) ne peut souhaiter une hausse des tensions à sa frontière et avoir à côté de sa maison des (missiles) Iskander, hypersoniques et des navires avec des armes nucléaires.”

“Vladimir Poutine a été très, très clair sur le fait qu’il verrait cela comme une agression, et nous avons déjà vu ce que fait Vladimir Poutine lorsqu’il sent qu’il y a une sorte d’agression contre la Russie”, explique le professeur de la Northeastern University, Pablo Calderon, à NBC Boston.

Pouvoir être davantage dissuasifs face à une Russie plus enhardie 
Pourtant la peur d’une agression, c’est précisément ce qui pourrait motiver une adhésion d’Helsinki à l’Otan. Un rapport commandé en urgence par le gouvernement finlandais après l’attaque russe de l’Ukraine, et dévoilé il y a quelques jours, estimait notamment qu’une telle alliance fournirait une dissuasion “considérablement plus grande” contre une attaque de son voisi. 

Le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a expliqué à l’AFP qu’il souhaite anticiper les éventuels risques futurs qu’encourt son pays face à la Russie, notamment “face aux armes nucléaires tactiques et chimiques”. 

La Finlande et la Suède ont obtenu des assurances claires du secrétaire général de l’Organisation, Jens Stoltenberg, et le soutien de plusieurs pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, note Franceinfo. 

Si la première ministre Suédoise a estimé que l’adhésion de son pays pourrait se décider “dans les semaines à venir“, la Suède semble plus en retrait que sa voisine. Mercredi 13 avril, la Première ministre suédoise Magdalena Andersson a déclaré que “compte tenu de cette situation, nous devons vraiment réfléchir à ce qui est le mieux pour la Suède, notre sécurité et notre paix dans cette situation nouvelle.” 

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