Publié par CEMO Centre - Paris
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Qui sont les mercenaires recrutés par la Russie pour combattre à ses côtés en Ukraine ?

lundi 11/avril/2022 - 07:38
La Reference
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"Nous avons subi des pertes militaires importantes". Depuis le début de son "opération spéciale" en Ukraine, c'est la première fois que la Russie, par l'intermédiaire du porte-parole du Kremlin, admet avoir perdu un nombre considérable de militaires."C’est une immense tragédie pour nous", continue Dmitri Peskov, lors d’une interview donnée le 7 avril à la chaîne britannique Sky News, sans donner plus de détails.
Le dernier bilan officiel, publié le 29 mars, faisait état de 1 351 soldats tués et 3 825 blessés dans les rangs de l'armée russe depuis le 24 février et l'invasion de l'Ukraine. Les pertes pourraient être beaucoup plus lourdes : selon une estimation de l'Otan, entre 30 000 et 40 000 soldats russes ne sont plus en état de combattre, et 7 000 à 15 000 d'entre eux ont été tués. Plus récemment, l'armée ukrainienne a annoncé le 10 avril la mort de près 19 600 soldats russes.
Selon le ministère de la Défense américain, Moscou a initialement envoyé en Ukraine 75 % de ses principales forces de combat en février, ce qui correspond à plus de 150 000 soldats, note The New York Times (lien en anglais). Alors que les troupes russes se retirent du nord de l'Ukraine pour "se réarmer, recevoir des renforts en effectifs et se réapprovisionner", selon le secrétaire général de l'Otan, avant de concentrer leurs opérations vers l'est et le sud du pays, Moscou essaie d'étoffer quelque peu ses rangs.
"La Russie manque de troupes et cherche à obtenir de la main-d'œuvre là où elle le peut", affirme au New York Times Michael Kofman, spécialiste de la Russie à l'institut de recherche américain CNA. Selon le ministère de la Défense britannique, l'état-major russe a rappelé des militaires à la retraite pour faire face "aux pertes militaires croissantes".
Mais Moscou précipite également dans la guerre des milices, mercenaires russes et des soldats étrangers. Toujours selon les renseignements britanniques, la Russie chercherait également à recruter des militaires provenant de Transnistrie, État autoproclamé et non reconnu par l’ONU, situé entre la Moldavie et l'Ukraine. 
Plus de 1 000 mercenaires du groupe Wagner à l'est
Le ministère anglais de la Défense a assuré le 28 mars sur son compte Twitter que plus de 1 000 mercenaires russes du groupe Wagner s'étaient déployés dans l'est de l'Ukraine, "dont des responsables de l'organisation, pour mener des opérations de combat".
"En raison de lourdes pertes et d'une invasion (en Ukraine) largement bloquée", continue le ministère, "la Russie a très probablement été forcée de redéployer son personnel Wagner pour l'Ukraine au dépens des opérations en Afrique et en Syrie."
Déjà, selon un article du Times publié le 28 février, plus de 400 mercenaires russes de la force Wagner ont été chargés d'abattre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et ce avant même le début de l'invasion de l'Ukraine.
Réputés proches du président russe, le groupe Wagner et ses paramilitaires sont soupçonnés d'exactions d'une rare violence, notamment au Mali, en Libye ou encore en Syrie. L'ONG Amnesty International surnomme l'organisation "l'armée secrète de Vladimir Poutine", même si le Kremlin se défend de tout lien.
"Il s’agit d’une société privée liée aux réseaux informels du Kremlin", déclarait à GEO Bertrand Badie, professeur émérite à Science Po. Cette organisation permet à Moscou de contester son implication dans les conflits où Wagner est présent. Autrement dit, le statut du groupe permet à l’État russe de ne pas être tenu responsable de ce que fait l’organisation. Le professeur poursuit : "Tout le monde connaît les liens entre Wagner et le pouvoir russe. Nous pouvons considérer qu’il s’agit d’une forme indirecte d’instrument entre les mains du pouvoir".
Les "kadyrovtsy", miliciens tchétchènes de sinistre réputation
Dans la guerre en Ukraine, les hommes du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, surnommés les "kadyrovtsy", sont devenus "l’arme psychologique de Vladimir Poutine", selon les mots d'Aurélie Campana, spécialiste des violences politiques et de la Russie à l'Université Laval (Québec). Tortures, enlèvements, meurtres… Les "kadyrovtsy", qui font partie des forces de sécurité intérieure de la Tchétchénie, se sont construits une réputation de mercenaires violents et brutaux. Ils sont régulièrement accusés de graves violations des droits humains.

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