Guerre en Ukraine : entre la Russie et l’Occident, les ambiguïtés d’une partie du monde
Les Etats-Unis et l’Europe cherchent à rallier les pays réticents à prendre parti dans le conflit, alors que Moscou met en avant l’émergence d’un nouvel ordre mondial.
Tout faire pour éviter de transformer la guerre en Ukraine en un face-à-face diplomatique entre la Russie et l’Occident. Au-delà des combats, tel est, aux yeux des responsables européens et américains, le défi posé par la prolongation du conflit déclenché par Vladimir Poutine le 24 février. Moscou a beau être marginalisé aux Nations unies, comme plusieurs votes l’ont montré depuis l’invasion de l’Ukraine, le Kremlin n’a en effet de cesse de présenter l’affrontement en cours comme une confrontation binaire entre la Russie et le monde occidental. A grand renfort de propagande, la Russie a même diffusé sur les réseaux sociaux des cartes éloquentes visant à amoindrir la réalité de l’isolement russe : le rapprochement entre la Russie et la Chine y est présenté comme la clé de voûte d’un nouvel ordre mondial, au détriment de Washington et de ses alliés européens, frappés par le retour de la guerre sur un continent déclinant et déchiré pour longtemps.
Sur le papier, la mise au ban de la Russie de la communauté internationale ne fait aucun doute si l’on prend en compte les votes survenus aux Nations unies ces dernières semaines : 141 pays ont condamné la guerre et demandé un cessez-le-feu moins d’une semaine après l’invasion de l’Ukraine, et seuls quatre, la Biélorussie, la Syrie, la Corée du Nord et l’Erythrée, ont voté avec Moscou. Mais 35 autres se sont abstenus, à commencer par la Chine, l’Inde, plusieurs Etats africains et du Golfe.
De nombreux Etats indifférents
Jeudi 7 avril, le vote sur la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a confirmé que le consensus initial était fragile : seuls 93 Etats (sur 193) ont voté pour, 24 contre (y compris la Chine cette fois), et 58 se sont abstenus, dont nombre de pays émergents. « Il existe de nombreux Etats indifférents à la guerre, car ils ne veulent pas prendre parti dans un conflit entre les grandes puissances et s’inquiètent de ses conséquences sur les prix de l’énergie et des produits alimentaires », analyse un diplomate en poste à New York. « La Russie est isolée, mais beaucoup de pays ne prennent pas pour autant parti pour l’Ukraine et ses alliés occidentaux », ajoute-t-il.