Les Pays-Bas doivent s'excuser pour un bombardement en Irak en 2015, selon une étude
vendredi 08/avril/2022 - 02:50
Une étude publiée vendredi 8 avril a enjoint les Pays-Bas à s'excuser pour une frappe aérienne en 2015 sur la ville irakienne de Hawija qui a tué 85 civils et souligné que ne pas le faire pourrait favoriser l'émergence de futurs groupes terroristes.
Le gouvernement néerlandais avait reconnu en 2019 que 70 personnes, parmi lesquelles des civils et combattants de l'EI, avaient péri des suites de cette attaque ayant visé une usine à munitions dans la nuit du 2 au 3 juin 2015. L'exécutif avait indiqué dans une lettre au parlement que l'usine visée, qui se trouvait dans une zone industrielle, contenait plus d'explosifs qu'attendu, causant de nombreux dégâts collatéraux.
Des dégâts signalés dans 6000 habitations
Des chercheurs de l'ONG irakienne Al-Ghad, de l'organisation pacifiste PAX et de l'Université d'Utrecht ont pour l'étude notamment mené des entretiens avec 119 victimes et 40 personnalités clés de la société telles que le maire de Hawija afin de cartographier l'impact de l'attaque. Les chercheurs estiment que l'attaque a tué 85 morts civils et causé des centaines de blessés graves. Des dégâts ont été signalés dans 1200 entreprises et magasins, et 6000 habitations.
Fin 2020, le gouvernement néerlandais avait promis une indemnisation d'environ 4 millions d'euros pour la reconstruction. Mais selon l'étude cet engagement ne s'est pas encore traduit, sept ans après l'attaque, par des reconstructions concrètes. «L'absence d'excuses et de la reconstruction proprement dite ont un impact majeur sur la perception des habitants de Hawija», ont indiqué les chercheurs. «Elle contribue au sentiment anti-occidental et (...) peut constituer un terrain fertile pour une prochaine organisation terroriste», ont-ils averti.
Les victimes se sentent selon les chercheurs abandonnées par les Pays-Bas et réclament des excuses officielles du gouvernement néerlandais pour le bombardement et une compensation suffisante pour supporter les coûts causés par la frappe aérienne néerlandaise. Les chercheurs recommandent que des représentants du gouvernement néerlandais se rendent à Hawija pour fournir des explications à la population, présenter des excuses et proposer de réparer les dommages subis par la communauté. L'attaque néerlandaise était l'une des quelque 34.000 frappes aériennes menées par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, sur l'Irak et la Syrie, selon l'étude.