Publié par CEMO Centre - Paris
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L'Europe somme Pékin de ne pas soutenir la Russie

samedi 02/avril/2022 - 12:43
La Reference
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La Chine n'a rien à gagner à voir la guerre en Ukraine se poursuivre et ne sortirait pas indemne si elle apportait son concours à la Russie en lui fournissant des armes ou en l'aidant à contourner les sanctions occidentales. Ce sont les principaux messages qu'ont adressés vendredi, à leurs homologues chinois, les présidents du Conseil européen et de la Commission, Charles Michel et ¬Ursula von der Leyen, lors du sommet virtuel UE-Chine. À entendre l'un et l'autre, les discussions ont été « franches ». Pour Janka Oertel, directrice du programme Asie à l'ECFR, « les déclarations qui ont suivi le sommet indiquent clairement que la réunion a été glaciale ».
Certes, comme l'a expliqué ¬Charles Michel, le président et le premier ministre chinois, Xi Jinping et Li Keqiang, sont « convenus que cette guerre menaçait la sécurité et l'économie mondiales ». De là à en déduire que la Chine est prête, selon la formule d'Ursula von der Leyen, à cesser de « détourner le regard » de la guerre en Ukraine, il y a un pas. À Bruxelles, on veut croire que Pékin va jouer son rôle vis-à-vis de la Russie. « Au cours des échanges, les dirigeants chinois ont dit plusieurs fois qu'ils s'engageaient dans les discussions de paix », rapporte une source européenne.
Les commentaires des dirigeants chinois semblaient, à l'inverse, beaucoup plus confus. Ainsi, le premier ministre faisait savoir que la Chine ferait pression pour la paix « à sa manière », maintenant ainsi l'ambiguïté. Quant au président chinois, il indiquait dans un communiqué - publié en outre bien avant la fin de la réunion - espérer que « l'UE pourra se forger sa propre perception de la Chine et poursuivre de façon autonome sa propre politique à l'égard » de Pékin. Une critique de la proximité des Européens et des Américains sur le dossier ukrainien. S'il a appelé « les deux grandes puissances » à « jouer un rôle constructif sur les grandes questions liées à la paix et au développement dans le monde, et apporter des facteurs de stabilisation à un monde turbulent », le terme de guerre n'est pas employé dans ce communiqué. Il est question de « la crise en Ukraine ».
Risque réputationnel
Dans ce contexte, Michel et « VDL » ont eu à cœur de rappeler à leurs homologues chinois les risques économiques auxquels s'exposerait leur pays en cas de soutien à la Russie. Et ce, alors même que le mantra de la « prospérité commune » de Xi Jinping est mis à mal par les difficultés économiques actuelles du pays. « La Chine, si elle ne peut pas soutenir nos sanctions, à tout le moins ne peut pas les contourner », a prévenu «VDL», en rappelant à dessein que les échanges de marchandises entre la Chine et l'UE représentent « 2 milliards d'euros » par jour, soit bien plus qu'avec la Russie.
Pas question cependant de dévoiler les mesures qui pourraient être prises si Pékin devait soutenir Moscou d'un point de vue économique ou militaire. La présidente de la Commission a néanmoins mis en garde sur les risques réputationnels auxquels devrait faire face Pékin. « Aucun citoyen européen ne comprendrait un soutien à Moscou, qui renforcerait ses capacités à poursuivre la guerre. Cela ternirait gravement la réputation de la Chine en Europe », a-t-elle averti, en pointant « les décisions d'investissements à long terme ».

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