Guerre en Ukraine : l'armée russe est-elle surestimée depuis le début du conflit?
Entre inexpérience et gel du conflit, l'armée russe, qui recule dans certaines zones de combat, n'est pas parvenue à s'emparer rapidement de l'Ukraine.
"La vérité, ce n'est pas ce que dit Poutine, la vérité c’est ce qui se passe sur le terrain." À mesure qu'avance le conflit ukrainien, qui ce mercredi est entré dans son 35e jour, les mouvements de l'armée russe deviennent de plus en plus illisibles.
Vendredi passé, l'état-major de Moscou avait déclaré vouloir se concentrer sur l'est du paysavant de, dès le lendemain, bombarder la ville de Lviv pourtant située à l'extrême-ouest de l'Ukraine. Mardi, la Russie avait également promis de réduire "radicalement" son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv, avant de poursuivre ses frappes ces dernières heures.
Pour de nombreux spécialistes, ce décalage entre les déclarations et les actes russes est synonyme d'échec pour Moscou, mais aussi d'une surestimation de sa capacité à gagner cette guerre. Sur notre antenne, François Géré, directeur de l’Institut d’analyse stratégique, assure même que "pour le moment, les Russes sont dans une phase de défaite."
Un constat partagé par le général Bruno Clermont, général de corps aérien, spécialiste de la stratégie militaire, qui tente, toujours sur notre antenne, d'expliquer ces revirements stratégiques.
"Il y a des explications pour cette stratégie. Ils ont clairement perdu la première phase de la guerre qui partait sur une hypothèse fausse, celle qu’il n’y avait pas de résistance ukrainienne. Ils avaient un dispositif pour conquérir un pays sans résistance. Ils ont vu que ça ne fonctionnait pas", avance-t-il. Dans certains régions du pays, dont Irpin, l'armée ukrainienne a même annoncé avoir repris une partie du territoire occupé.
Décalages
Une défaite, pas encore confirmée, mais qui pourrait s'expliquer par une armée impréparée. "Il y a eu deux théâtres qui étaient importants, la Géorgie en 2008, petit état, et la Syrie, aussi petit état. On n’avait jamais vu l’armée russe se déployer massivement sur un territoire grand comme la France", reprend François Géré.
"Je pense que Poutine n’avait pas la juste évaluation des capacités de son armée", complète de son côté le général Bruno Clermont. "La vérité, ce n'est pas ce que dit Poutine, la vérité c’est ce qui se passe sur le terrain. Pendant 30 ans, on a regardé partout sauf du côté de la Russie. Ce n’est qu’à partir de 2014 et la Crimée qu’on a senti qu’il y avait un problème du côté des Russes et que certains services de renseignement s’y sont intéressés", ajoute-t-il.
Ces dernières heures, les autorités américaines ont également communiqué sur ce sujet. Comme le souligne CNN, mardi, le général Tod Wolters, chef du Commandement européen des États-Unis, a fait part du décalage entre l'impression de la supériorité russe et la réalité du terrain qui existait dans les rapports remis aux autorités américaines. Il a d'ailleurs averti qu'un "examen" des services de renseignements serait fait au terme de ce conflit.