Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

L'Iran vu depuis le chemin de fer transiranien

vendredi 25/mars/2022 - 06:09
La Reference
طباعة
Le chemin de fer transiranien, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, traverse quatre climats différents. Ce long voyage à travers l'Iran vous permettra de remettre en question les stéréotypes sur ce pays resté longtemps isolé.

Étendus entre le littoral étincelant de la mer Caspienne et les plaines fertiles du golfe Persique, les 1 393 km du chemin de fer transiranien sont considérés comme l’une des plus grandes merveilles d’ingénierie du 20e siècle.

Les experts du monde entier se sont confrontés à un défi de taille : l’itinéraire suggéré devait traverser quatre climats différents et relier des chaînes de montagnes vertigineuses, de profonds ravins, des déserts de sel, des forêts anciennes et des plaines.

Inscrit à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021, le réseau de cette entreprise comprend cent-soixante-quatorze grands ponts, 186 petits ponts et 224 tunnels. Il a été construit entre 1927 et 1938. Cet exploit a nécessité plus de 70 000 ouvriers, une cartographie détaillée et des prises de vues aériennes. Du chemin de fer se tisse une étonnante toile de paysages, des gratte-ciel de la capitale aux tombes et mosquées de Qom, en passant par les peuplements nomades des monts Zagros.

Le voyage en train vers le nord-est, reliant Andimeshk à Doroud, traverse les monts Zagros à l’ouest du pays.

 « Une fois assis dans le train depuis Téhéran en direction du sud, vous basculez entre les saisons en un clin d’œil », témoigne Yeganeh Morakabati, chercheuse en tourisme et professeure associée à l’université de Bournemouth. Elle étudie les conséquences de la violence politique sur le tourisme au Moyen-Orient et en Afrique. « Et ce n’est pas tout. Vous avez aussi l’impression d’avoir changé de pays, car les cultures et les peuples sont très différents. On parle là d’un changement total de décor et même de langue. C’est phénoménal. »

Pourtant, l’image de l’Iran en tant que destination touristique aux multiples facettes souffre depuis la révolution de 1979. Des dizaines d’années de sanctions et des portraits médiatiques négatifs de la société du pays, dépeinte comme anti-occidentale, ont accentué la marginalisation de la nation, déclare Mme Morakabati. Néanmoins, à mesure qu’un plus grand nombre de touristes affluent dans le pays et se forgent leur propre opinion, ces stéréotypes sont en passe de disparaître.

Avant la pandémie de COVID-19, le tourisme en Iran battait son plein. Avec la Coupe du monde de la FIFA 2022 organisée au Qatar non loin, à l’automne, le pays se prépare à un afflux de voyageurs. Le chemin de fer, initialement considéré comme l’un des projets d’infrastructure les plus controversés d’Iran, se place au cœur des efforts de la nation pour relancer le tourisme.

 

LA NAISSANCE D’UN CHEMIN DE FER

Aujourd’hui, le chemin de fer est symbole de modernité et d’unité. Toutefois à sa construction, il était sujet à controverse.

Le réseau ferroviaire iranien a pris forme relativement tard par rapport à ses voisins de l’Empire ottoman, du Raj britannique et d’Égypte. Tous ces pays disposaient d’un réseau dès la seconde moitié du 19e siècle, explique Mikiya Koyagi, professeur assistant à l’université du Texas à Austin et auteur du livre Iran in Motion: Mobility, Space, and the Trans-Iranian Railway (L’Iran en mouvement : mobilité, espace et chemin de fer transiranien).

 


"