Guerre en Ukraine : le grand retour de l’armée américaine en Europe
C’est
l’une des conséquences majeures de la guerre en Ukraine, passée relativement au
second plan jusqu’à présent, le signe d’un changement de pied stratégique aussi
brusque qu’inattendu de la part de la première puissance militaire mondiale. Le
renforcement, ces dernières semaines, de la présence militaire des Etats-Unis
en Europe, avec le seuil symbolique de 100 000 hommes prépositionnés
franchi, devait être particulièrement mis en avant lors du sommet de l’OTAN,
jeudi 24 mars, à Bruxelles, en présence de Joe Biden. Un sommet qui
s’inscrit dans un marathon diplomatique, le président américain étant attendu
le même jour à une réunion du G7 et de l’Union européenne, puis en Pologne,
vendredi.
Alors
que depuis de nombreuses années les Etats-Unis étaient engagés dans un discret
retrait de leurs forces sur le Vieux Continent afin de les redéployer en
Indo-Pacifique, face à la montée de l’expansionnisme économique et militaire
chinois, avec l’escalade des tensions entre Kiev et Moscou, entre janvier et
mars, environ 20 000 soldats américains ont été renvoyés sur le sol
européen. Soit une augmentation de 25 % en quelques semaines, qui ramène
la présence militaire des Etats-Unis en Europe à un niveau que cette dernière
n’avait plus connu depuis plus de quinze ans, et qui représente environ le
tiers de sa présence à la sortie de la guerre froide.
Sur
le strict plan comptable, le Pentagone a toujours eu un nombre élevé de soldats
en Europe, en particulier en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique et
en Pologne. Les bases étatsuniennes s’étendent de la Bulgarie au Groenland, de
la Grèce à la Finlande. Avant la guerre en Ukraine, l’armée américaine, qui est
une armée de masse (1,4 million de soldats d’active), avait ainsi quelque
67 000 soldats positionnés de manière permanente en ces divers endroits –
chiffre auquel s’ajoutaient 13 000 hommes d’unités en rotation
complémentaires.