Les mots de l'agresseur d'Yvan Colonna devant les enquêteurs
«Je
n'ai agi pour le compte d'aucun groupe. J'ai agi seul...Ce n'était pas réfléchi», a déclaré le codétenu qui a
agressé mortellement le militant indépendantiste Yvan
Colonna, dont la dépouille est arrivée en Corse mercredi 23 mars,
selon plusieurs procès-verbaux d'audition consultés par l'AFP.
Rejet de l'idée d'un
acte terroriste
«Je
n'ai agi pour le compte d'aucun groupe, qu'on soit bien clair. J'ai agi seul», assure-t-il dès le départ. «Il n'y a rien (en) rapport avec
une entreprise terroriste, j'ai vu Yvan Colonna et j'ai agi sans penser au
reste». Faisant référence
aux magistrats devant lesquels il a été présenté, il ajoute se moquer «qu'ils fassent l'amalgame (..)
entre un acte de foi ou un acte de terrorisme». «Vous êtes convaincu qu'il y a un mentor derrière avec des complices, sauf
que moi je vous ai dit la vérité, je n'ai pas de mentor». «Dès le départ (...) je vous ai
expliqué que ce n'était pas réfléchi et que je n'étais pas dans le jihad».
«Yvan
a tenu des propos blasphématoires envers Dieu», a-t-il dit dès sa première audition par les
enquêteurs le 2 mars. Lorsqu'ils «abordaient le sujet de la religion», Yvan Colonna «se faisait le procureur de Dieu», a affirmé Franck Elong Abe. «Il faisait des reproches à Dieu,
il blasphémait», a-t-il ajouté en
accusant le condamné pour l'assassinat du préfet Erignac d'avoir tenu des
paroles offensantes «cinq ou six fois sur
les huit derniers mois».
«Je considère que Dieu
a frappé Yvan Colonna à travers mes mains. Dieu s'est servi de mes mains pour
riposter contre celui qui a blasphémé», a-t-il répété.
Il nie la préméditation
«La
veille, avant l'attaque, je ne savais même pas que j'allais le faire». «Cela m'est venu d'un coup. Moi
j'appelle ça le mektoub, le destin», «quelque chose que vous ne maîtrisez pas». «J'aurais attendu tout ce temps pour commettre un acte terroriste» avec à la clé «au moins 10 ans d'isolement», a-t-il demandé aux enquêteurs
avant d'ajouter: «Quelqu'un qui aurait
prémédité un tel acte aurait réfléchi à tout ça». «J'étais dans un état d'esprit
d'agir sur l'instant». Il précise
également que «normalement il
n'aurait pas dû y avoir de détenu dans la salle» et qu'à l'heure de l'agression,
«Yvan devait être au
stade», assurant avoir «été surpris de le voir à la salle
de sport», parce que le
Corse travaillait à la prison comme «auxiliaire de sport»
dédié au terrain de sport extérieur. «Oui j'ai forcément improvisé et oui j'étais parti pour lui ôter la vie», reconnait-il.
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l’innocence d’Yvan Colonna court toujours
«Si
un jour on m'avait dit que je devais taper Yvan Colonna, jamais je ne l'aurais
cru. S'il y en a bien un que je ne voulais pas agresser (...) c'est bien lui», dit-il, ajoutant: «Avec lui au moins on pouvait
partager certaines choses»,
notamment «courir, jouer aux
boules et aux échecs». Deux jours avant
l'agression, «il a tenu des propos
encore offensants envers Dieu. Je n'appréciais pas et je lui ai dit». «Il s'en est excusé». Ils avaient également des
échanges sur d'autres sujets: «j'étais contre le vaccin du Covid et lui était pour», dit-il par exemple, ajoutant «il pouvait y avoir des sujets sur
lesquels nous étions d'accord, comme Poutine», le président russe.