Publié par CEMO Centre - Paris
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L’Inde se gave du pétrole russe, qu’’elle achète à pas cher

lundi 21/mars/2022 - 04:38
La Reference
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Au nom de ses intérêts économiques et militaires, l’Inde de Narendra Modi a refusé jusqu’ici de condamner l’agression russe en Ukraine. Elle vient même d’acheter à Moscou de larges quantités de brut à prix avantageux. Mais la pression occidentale s’accroît.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, l’Inde a acheté quelque 360 000 barils de pétrole à la Russie, près de quatre fois plus que sur la même période en 2021. Les entreprises publiques Indian Oil et Hindustan Petroleum sont même passées à la vitesse supérieure, ce samedi 19 mars, avec l’achat de 5 millions de barils de pétrole brut, à prix cassé (- 25 $), auprès de Moscou.
Cet achat, effectué en roupies converties en roubles, ne viole pas les sanctions américaines, mais il fait grincer des dents à Washington. Jen Psaki, porte-parole de la Maison-Blanche, a averti l’Inde que l’Histoire se souviendra quel côté elle soutiendra dans cette guerre ». La réplique des autorités de New Delhi a fusé : Les pays autosuffisants en pétrole ou ceux qui en importent de Russie ne peuvent pas donner de leçons crédibles en matière de restriction des échanges commerciaux.
C’est très séduisant !
L’Inde et son 1,3 milliard d’habitants importent 85 % de son pétrole, principalement du Moyen-Orient, et le pays est très sensible à l’envolée des prix du brut, explique Lydia Powell, experte en énergie auprès de l’Observer Research Foundation, à New Delhi. Dans des conditions, acheter à la Russie est controversé, mais une réduction de 25 $ par baril, c’est très séduisant !
Cet épisode illustre la position d’équilibriste de l’Inde depuis le début du conflit. Les forces de défense indiennes restent fortement dépendantes du matériel militaire russe, analyse Angshuman Choudhury, chercheur au Center for Policy Research. La relation Inde-Russie repose également sur la position de non-alignement portée par l’Inde [depuis les années 1950] et le soutien que l’Union soviétique lui a apporté [en 1974] lors de ses essais nucléaires pour acquérir la bombe A.
Sa ligne devient intenable
L’Inde ne veut pas se retrouver en situation de choisir entre les États-Unis et la Russie nuance Nandan Unnikrishnan, spécialiste des relations entre l’Inde et l’espace post-soviétique. En matière de sécurité, New Delhi a des priorités : le Pakistan, ennemi héréditaire, et la Chine. L’Inde est d’ailleurs membre de l’alliance Quad qui rassemble, face à Pékin, le Japon, l’Australie et les États-Unis. « Les affrontements de 2020 avec Pékin le long de la frontière himalayenne, où plusieurs soldats indiens ont trouvé la mort, ont marqué les esprits.
Par trois fois, l’Inde a donc refusé de nommer et de condamner l’agression de Poutine, s’abstenant aux Nations unies. Mais sous la pression, la diplomatie indienne évolue lentement car sa ligne devient intenable, juge Angshuman Choudhury. Samedi 19 mars, en visite officielle à New Delhi, le Premier ministre japonais a ainsi affirmé que le Japon, avec l’Inde, continuera de fournir un soutien à l’Ukraine ». À côté de lui, son homologue, le très nationaliste Narendra Modi, ne l’a pas démenti.

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