BNP Paribas soupçonnée de complicité de crimes de guerre: des Soudanais témoignent
Le groupe BNP Paribas est soupçonné de complicité de crimes de
guerre, et de crime contre l’humanité au Soudan. Cette semaine, des victimes
d’exactions du régime de l’ancien président Omar el-Béchir étaient entendues
par la justice française. Une information judiciaire a été ouverte à Paris il y
a deux ans, après une plainte de neuf Soudanais ; plainte
soutenue par la FIDH et la LDH. Pendant trois jours, ces
victimes ont raconté leur histoire et les persécutions qu’ils ont subies pendant
la guerre au Darfour.
Ils sont quatre à avoir été entendus cette semaine par des magistrats du
tribunal judiciaire de Paris. Parmi eux : Omar, la quarantaine, originaire
du Darfour. Ce militant raconte avoir été menacé, harcelé et arrêté près d’une
dizaine de fois.
J’ai été arrêté et torturé par les services de renseignement et de sécurité soudanais. Ils m’ont ciblé en raison de mon travail, j’aidais les gens du Darfour qui souffrent aux mains de ce service. Après cette dernière arrestation en 2009, j’ai senti que je n’étais plus en sécurité dans mon pays ; et je suis parti
À l’époque, la BNP Paribas faisait des affaires avec le régime soudanais, alors que celui-ci était sous embargo.
Pour Me Clémence Bectarte, qui a obtenu l'ouverture de l'enquête en servant de banque centrale au régime soudanais, le groupe français s’est rendu complice des crimes commis.
Les autorités soudanaises, normalement, n’auraient pas pu accéder au marché en dollars, vendre de pétrole sur le marché international, se fournir des armes, avoir des liquidités pour acheter des armes… Donc il est important aujourd’hui de poser cette question-là de la responsabilité des entreprises
Omar vit aujourd’hui en exil. Il espère que cette enquête aboutira, qu'elle servira d’exemple pour toutes ces multinationales et banques qui soutiennent des dictatures. La FIDH et la LDH soulignent que pour la première fois, une banque pourrait être tenue pénalement responsable.
Quand on parle de crimes de masse, derrière, il y a souvent des entreprises qui soutiennent des régimes qui commettent des crimes de masse.
En 2014, la BNP Paribas a plaidé coupable aux États-Unis de violation
des embargos américains contre le Soudan, Cuba et l'Iran, et payé une amende
record de 8,9 milliards de dollars.