Liban : Le Conseil des ministres exhorte le pouvoir judiciaire à s’éloigner du populisme
Une réunion du Conseil des ministres a été convoquée samedi pour examiner les actions judiciaires contre sept banques au Liban.
La réunion a permis l'examen du conflit entre les banques et le système judiciaire. La session extraordinaire s'est tenue sous l'intitulé «L'intérêt supérieur de l'État».
Après la réunion, Mikati a affirmé que le conseil des ministres avait convenu que la loi suivra son cours sur la base du principe de coopération entre les autorités sans aucune discrimination et en toute transparence.
Le Conseil a également décidé que les questions judiciaires suivraient leur cours conformément aux lois.
Une source ministérielle qui a été présente à la session de discussion a déclaré à Arab News que les ministres avaient constaté qu'il n'était pas permis aux juges d'utiliser l'argent des déposants dans le but de flatter un certain populisme.
Certains ministres ont même estimé qu’un juge ne devrait pas être un populiste et publier des tweets sur un tel sujet.
En réponse à ce qu'elle a décrit comme une «violation judiciaire contre les banques», l'Association des banques a appelé à la promulgation de la loi sur le contrôle des capitaux, aussitôt que possible.
En plus de la grève, l'association a averti qu'elle pourra «prendre d'autres mesures qui sont nécessaires pour préserver l'économie nationale et l'intérêt suprême du Liban».
La décision sur une série de poursuites judiciaires intentées par des groupes d'activistes contre plusieurs grandes banques au Liban afin de récupérer l'argent des déposants, a coïncidé avec des enquêtes sur des accusations portées contre le gouverneur de la banque centrale pour enrichissement illégal et blanchiment d'argent.
Les procédures judiciaires ont abouti à saisir des actifs, des actions et des biens immobiliers de la Fransabank et de la Creditbank et des succursales de la Blom Bank à Tripoli.
L'Association des déposants a indiqué son intention «d'engager d’autres poursuites judiciaires contre les banques dans les prochains jours».
Dans un développement connexe, le frère du gouverneur central de la Banque du Liban, Raja Salameh, a été arrêté par la procureure d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, après avoir comparu devant en tant que témoin.
L'avocat de Salameh, Marwan Issa El-Khoury, a révélé que les allégations «d'enrichissement illégal et de blanchiment d'argent» étaient sans fondement et que l'affaire n’était «qu’une spéculation médiatique sans aucune preuve».
Le gouverneur de la banque centrale s'était abstenu de se présenter au bureau de la juge Aoun il y a plus d'une semaine en tant que témoin, car il avait déposé une plainte en réponse à l'affaire judiciaire qui le met sous enquête.
La juge Aoun a aussi émis une interdiction de voyager contre Salameh.
Elle a souligné que le fait que l'autorité politique peut faire pression sur le pouvoir judiciaire est une «violation inacceptable contre des juges qui accomplissent leur devoir de manière professionnelle, même si certaines personnes n'aiment pas telle ou telle poursuite judiciaire».
Le juge Aoun, qui est proche au président, a appelé dans un tweet les juges libanais à s'armer de «la vérité et du texte de loi. L'espoir de sauver le pays de l'injustice, de l’intimidation des faibles et du détournement de l'influence, est maintenant entre vos mains».
L'une des voies de sortie de cette crise actuelle est de soumettre la bataille légale entre les déposants et les banques devant la Cour d'appel.
Le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a déclaré ce samedi que «certains propriétaires de banques et leurs gestionnaires portent une part de responsabilité dans ce qui est arrivé à l’argent des déposants, et qu'ils devraient être poursuivis en justice pour cette raison».
Mais il a ajouté: «Ce qui se passe à présent au sujet de la question des banques, est une sorte de farce qui induit en erreur l'opinion publique».
Geagea a ainsi exprimé sa crainte que «ces mesures autoritaires qui utilisent une partie du pouvoir judiciaire comme un outil, et qui sont couvertes par la loi, vont sans doute ruiner le secteur bancaire au lieu de le réformer».
Geagea a soutenu que «le président, le gouvernement actuel et la majorité parlementaire sont responsables des crises économiques que subissent les citoyens libanais à cause de leur malveillance, de leurs tentatives de chantage permanente ou de leurs tentatives de changement de certains fonctionnaires, pour les remplacer par les escrocs les plus pervers».