Publié par CEMO Centre - Paris
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Guerre en Ukraine : avec retard, la Russie honore finalement sa dette

samedi 19/mars/2022 - 01:59
La Reference
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L’échéance de remboursement attendue est arrivée sur les comptes des créanciers vendredi, deux jours après la date prévue.
Après avoir flirté avec le défaut de paiement, la Russie semble s’être finalement écartée du précipice. Malgré deux jours de retard, elle a honoré, vendredi 18 mars, une échéance de remboursement de sa dette publique. En fin d’après-midi, les créanciers ont vu l’argent arriver sur leurs comptes.
La saga de ce remboursement en dit long sur les conséquences des sanctions pour la Russie. Mercredi 16 mars, le gouvernement russe devait, en principe, verser des intérêts de 117 millions de dollars sur des obligations d’Etat (environ 105,7 millions d’euros). Mais, depuis l’annonce du gel des réserves de sa banque centrale, Moscou entretenait le flou sur sa volonté de rembourser. Le 5 février, le Kremlin a publié un décret annonçant que les créanciers venant de « pays hostiles » recevraient leur argent en roubles, alors que l’emprunt était en dollars. Puis, quand le jour J du remboursement est arrivé, le gouvernement russe a tenté une autre manœuvre : effectuer le paiement en dollars, mais à partir de l’argent bloqué par les sanctions.
Etait-ce possible ? La « licence générale 9A » qui définit les sanctions du gouvernement américain semblait l’autoriser, prévoyant une exemption jusqu’au 25 mai pour les transactions sur les remboursements de dette. Le gouvernement russe a voulu tester cette règle, annonçant très publiquement que le paiement avait été effectué à partir des comptes bloqués. Celui-ci a mis deux jours à être effectif, le temps que les banques américaines qui ont effectué la transaction – JPMorgan et Citi – s’assurent qu’elles ne violaient pas les sanctions.
Une situation inhabituelle
Après 1918 et 1998, la Russie n’a donc pas encore fait défaut. Mais cela pourrait n’être qu’une question de temps. D’une part, l’exemption ne court que jusqu’au 25 mai. D’autre part, Moscou pourrait se montrer récalcitrant : « Les sanctions semblent avoir largement réduit la volonté de [la Russie] de rembourser », souligne William Jackson, de Capital Economics.
La Russie est dans une situation inhabituelle pour un pays qui se rapproche d’un défaut de paiement. Jusqu’aux sanctions, elle ne manquait pas de devises étrangères. Aujourd’hui encore, elle continue à vendre pétrole et gaz, encaissant plusieurs centaines de millions de dollars par jour. Elle peut théoriquement rembourser. Mais elle sait qu’elle ne peut plus aujourd’hui lever d’argent sur les marchés financiers. Dès lors, à quoi bon continuer à rembourser ? Ne pas honorer ses échéances est une sorte de contre-sanction.

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