Pollution, bombes, biodiversité... Les conséquences environnementales de la guerre en Ukraine
Pollution des sols et des eaux, restes d'engins explosifs, perte de biodiversité... Avec la guerre en Ukraine, à la catastrophe humanitaire pourrait s'ajouter une catastrophe environnementale.
La centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl menacée, des usines d'armement bombardées, des sites industriels et des stocks de pétrole incendiés... Si la guerre en Ukraine annonce une tragédie humanitaire avec ses milliers de morts et de blessés et ses 3 millions de réfugiés, trois semaines après le début des hostilités russes, elle présage également une possible catastrophe environnementale.
"Tous les conflits armés ont des conséquences, parfois irréversibles, sur l'environnement", dénonce pour BFMTV.com Sébastien Mabile, avocat au barreau de Paris et vice-président du comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Ce représentant de l'UICN rappelle ainsi les ravages à long terme du napalm, une arme chimique utilisée comme bombe incendiaire par l'armée américaine au Vietnam. Considéré comme le premier écocide de l'Histoire. Ou encore la gigantesque marée noire, la plus grande connue à ce jour, dans le Golfe persique lors de la guerre au Koweït quand les troupes de Saddam Hussein ont décidé de saboter les puits de pétrole.
"Ce qui est particulièrement inquiétant en Ukraine, c'est le niveau élevé d'industrialisation, d'usines de traitements chimiques et métallurgiques, mais aussi d'installations nucléaires", poursuit Sébastien Mabile.
Pour rappel, le pays possède quatre centrales nucléaires équipées de quinze réacteurs.Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, s'est d'ailleurs exprimé à ce sujet ce vendredi matin sur BFMTV. "On a vu qu'on a peut-être frôlé à certains moments la catastrophe avec la centrale nucléaire de Zaporijia qui a fait l'objet d'attaques, autour ou dans la centrale."
La pollution "en héritage"
Dès le lendemain de l'invasion russe, l'Observatoire des conflits et de l'environnement (Ceobs), une ONG britannique, faisait un premier inventaire des destructions. Et évoquait de nombreux incendies, libérant "gaz toxiques, particules fines et métaux lourds".
Une semaine après le début de l'offensive, le Ceobs allongeait la liste des sites industriels détruits, potentiellement sources de toxicité:une centrale thermique, un terminal pétrolier, un dépôt de carburant, un entrepôt de lubrifiants ou encore un site de stockage de mousse isolante. De quoi contaminer, sur le long terme, l'air, les eaux et les sols ukrainiens, s'inquiète Doug Weir, le directeur de la recherche du Ceobs, qui a déjà enregistré une centaine de destructions potentiellement problématiques pour l'environnement.
Le représentant de cette ONG évoque le précédent du Donbass. Le conflit en 2014 a en effet entraîné une pollution durable des sols et des eaux par les destructions d'industries, les combustions de munitions et l'inondation des mines de charbon. "Le Donbass est au bord d'une catastrophe écologique", alertait ainsi une analyste du programme des Nations unies pour l'environnement. Au total, dix-huit réserves naturelles ont été "affectées, endommagées ou détruites".