Publié par CEMO Centre - Paris
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Guerre en Ukraine: avant la "neutralité", la nécessité d'un cessez-le-feu

mercredi 16/mars/2022 - 08:57
La Reference
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Huffpost : C’est un geste fort alors que les négociations entre l’Ukraine et la Russie se poursuivent, plus de deux semaines après le début de la guerre. Ce mardi 15 mars, le président Volodymyr Zelensky a reconnu que son pays, l’Ukraine, ne pourrait pas intégrer l’Otan. Il répond ainsi à l’une des demandes de Moscou, Vladimir Poutine qui refuse que l’ex-république soviétique passe dans le giron occidental.

“Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C’est la vérité et il faut le reconnaître”, a déclaré Volodymyr Zelensky pendant une visioconférence avec des dirigeants des pays de la Joint Expeditionary Force, une coalition militaire menée par le Royaume-Uni.

Le 8 mars, il avait déjà “tempéré” sa demande d’adhésion à l’Alliance de l’Atlantique Nord, mais s’était aussi dit prêt à un “compromis” sur le statut des territoires séparatistes de l’est, Lougansk et Donetsk, reconnus indépendants par la Russie quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine. À noter que dans le même temps, l’Union européenne a ouvert la porte à des liens plus étroits avec Kiev et à son adhésion à l’UE.

“Comment se projeter alors que l’Ukraine est sous les bombes?”

Zelensky fait-il là des concessions politiques au maître du Kremlin? “Non”, répond au Huffpost Carole Grimaud-Potter, professeure de géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier. “Après l’annonce du président, on a cru trop à la hâte que l’Ukraine n’entrerait pas dans l’Otan. Cela a été vu comme un signal du côté de la Russie pour obtenir la neutralité de l’Ukraine, qu’elle réclame depuis février”, rappelle-t-elle.

Lors des pourparlers de ce mercredi 16 mars, les Russes ont affirmé qu’un compromis était “possible” sur une neutralité de l’Ukraine, à l’image de la Suède ou de l’Autriche qui restent non-alignées lors des conflits, ont une force militaire limitée et par définition ne peuvent pas rejoindre l’alliance militaire de l’Otan. Quelques instants plus tard, l’Ukraine communiquait pour rejeter avec force cette idée.

Il y avait dans tous les cas peu de chance que cette tentative aboutisse, estime la spécialiste de la géopolitique russe, puisque la Russie et l’Ukraine “ont brûlé une étape dans leurs pourparlers”. “Ils sont passés tout de suite à la deuxième, celle des négociations, alors qu’il faut d’abord un cessez-le-feu, abonde-t-elle. Il n’y aura pas de neutralité dans un pays en guerre: comment se projeter alors que l’Ukraine est sous les bombes?”

“La Russie joue la montre”

La Russie continue de “démilitariser l’Ukraine en bombardant des dépôts de munitions et des bases militaires, et de la dénazifier, c’est-à-dire de mettre en place une forte répression contre les anti-russes, comme les deux maires enlevés à Melitopol et Dniproroudné”, dans le sud du pays, détaille Carole Grimaud-Potter. L’Ukraine est de fait ”à feu et à sang” mais la résistance de l’armée ainsi que de son peuple empêche les plans de Moscou. Et aucune des deux parties n’est prête à céder un pouce de terrain, pour l’instant.

C’est pourquoi, malgré les soi-disant efforts de Volodymyr Zelensky, peu de progrès sont constatés lors des négociations entre représentants des deux belligérants. “Dans les faits au cours des discussions, on n’a rien vu. On ne connaît pas la position de l’Ukraine sur la demande de la Russie concernant la reconnaissance de la Crimée comme russe et l’indépendance du Donbass. Les annonces vont dans ce sens mais on ne sait pas quel est le compromis”.


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