Bombardements et nassages: la stratégie russe d'encerclement des villes ukrainiennes
Et après la guerre de mouvement, vient la guerre de positions. Entre bombardements et avancées prudentes pour tenter de resserrer la nasse autour de leurs cibles, les Russes tablent désormais sur le siège pour faire plier l'Ukraine. Mais là encore, la réussite de l'armée russe paraît bien douteuse.
Encercler et étouffer les villes
Lundi, alors que l'offensive russe avait déjà commencé à faire du surplace depuis plusieurs jours, le Kremlin a bombé le torse une fois de plus, jetant une lumière nouvelle sur la stratégie désormais en vigueur. Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a ainsi déclaré:
"Le ministère de la Défense, en assurant la sécurité maximale des populations civiles, n’exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées".
La menace laisse cependant sceptiques des experts qui doutent que la Russie ait, sur ce point également, les moyens de ses ambitions. Un demi-aveu de faiblesse ouvrant sur une méthodologie fondée sur l'usure.
"Le commandement russe se rend compte qu'il manque d'effectifs pour s'emparer des villes, par contre à défaut d'entrer brutalement dans les villes, on va les encercler, les étouffer, en espérant gagner du temps et obliger l'Ukraine à baisser les bras", a ainsi analysé ce mardi le général Jérôme Pellistrandi, consultant miltaire de BFMTV.
"Ils veulent maintenir voire accentuer la pression. Les Russes sont conscients que l'offensive terrestre est beaucoup plus compliquée désormais (...) donc il vont chercher à frapper".
Kharkiv et Marioupol essuient ainsi les tirs de l'artillerie et les pluies mortelles de l'aviation russe jour et nuit. Kiev a dorénavant rejoint les rangs de ces villes-martyres.
Tandis que sa population se terre dans les couloirs du métro et les abris, qu'elle se voit astreinte à un strict couvre-feu, les bombardements s'intensifient sur les quartiers résidentiels de Sviatochine, Ossokorky, Podil. Il faut dire qu'à 15 ou 20 kilomètres, les soldats russes piétinaient depuis plusieurs jours devant la capitale ukrainienne.
"Filons la métaphore footballistique", a invité ce mardi l'éditorialiste de BFMTV spécialiste des questions internationales, Patrick Sauce. "Vous essayez d'avancer mais vous avez une grosse défense devant vous, donc qu'est-ce que vous faites? Vous balancez de longs ballons vers l'avant. C'est exactement ce que font les Russes. Ils n'ont pas réussi à obtenir des conquêtes territoriales au sol avec leur infanterie donc ils bombardent".
Selon nos correspondants sur place, la localisation de ces frappes peut obéir à trois critères distincts: terroriser la population et l'armée régulière, anéantir des sites cruciaux (ce mardi, une bombe a explosé aux abords d'une usine d'armement), ou résulter d'une interception par un missile ukrainien.