Publié par CEMO Centre - Paris
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LA FRANCE SE PRÉPARE AU SCÉNARIO NOIR SANS GAZ RUSSE

jeudi 10/mars/2022 - 04:04
La Reference
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Les réunions se multiplient à Matignon avec les industriels de l’énergie pour s’approvisionner ailleurs qu’en Russie. Les mesures de rationnement des industriels seront inévitables.
C’est la panique dans le monde de l’énergie. Depuis plusieurs jours, les industriels tentent de trouver des solutions pour se passer du gaz russe à la suite de la guerre en Ukraine. Selon plusieurs sources, des réunions interministérielles ont lieu quotidiennement avec les principaux acteurs du marché du gaz: Engie, TotalEnergies, EDF, GRDF (dsitribution) ou encore GRT Gaz (réseaux). Lundi, ils étaient tous rassemblés à Matignon pour apporter les premières solutions au pire scénario: l’arrêt des importations de gaz russe par l’Europe ou la rupture d’approvisionnement de la Russie.

"Ce risque est faible, d’autant que Gazprom a toujours livré mais on s’y prépare", explique un proche d’Engie. Cette "cellule de crise" du gouvernement est en contact permanent avec les industriels. "Matignon nous a demandé de libérer le plus de cargaisons de gaz possible" ajoute un participant.
Importer de Chine
Tous les efforts sont concentrés sur le remplissage des stocks de gaz dès cet été qui sont à un niveau au plus bas depuis dix ans, à 25% de leur capacité. "Il nous faut remplir au maximum nos réserves de gaz, en prévision de l’hiver prochain", explique-t-on à Matignon. Tout le monde mise sur les importations de Gaz naturel liquéfié (GNL) par bateaux alors que les livraisons de la Norvège et de l’Algérie par gazoducs sont déjà au taquet.

Les industriels estiment que le GNL peut remplacer la moitié des importations russes. Des livraisons peuvent venir, à la marge, du Japon, d’Egypte, du Qatar, des Etats-Unis ou de l’Australie. Mais c’est surtout en Asie que le salue pourrait venir. "Les chinois aspirent tout le GNL depuis un an pour baisser leur consommation de charbon", explique-t-on chez TotalEnergies. "L’Asie peut combler environ 20% des approvisionnements russes, pas plus" tempère Vincent Demoury qui dirige le groupe international des importateurs de GNL. En contrepartie, le recours au charbon sera inévitable…

Diminuer massivement la consommation
L’Europe doit en plus faire face à un manque d’infrastructures pour accueillir ce GNL et le retransformer en gaz. La France dispose de quatre terminaux méthaniers, l’Allemagne aucun... "En augmentant la rotation des bateaux, on peut augmenter les capacités de 15% en France", explique un connaisseur du secteur. L’Espagne dispose de marges de manœuvres importantes. Ses six terminaux sont sous exploités et leurs capacités de livraisons pourraient être doublées ou triplées, estiment les spécialistes. Mais l’Espagne ne dispose que de deux gazoducs avec la France pour "remonter" le gaz vers les autres pays. La Grande-Bretagne peut aussi augmenter la capacité de ses trois terminaux méthaniers mais n’a pas assez de stockage…

Mais ces efforts ne seront pas suffisants. "Les importations de GNL sont une goutte d’eau dans l’océan, il faudra massivement diminuer la consommation", explique un cadre d’Elengy qui exploite les terminaux méthaniers en France. Mardi, c’était au tour des fédérations d’industriels (UIMM, Gifas, Uniden…) d’être réunies autour de Jean Castex en personne. Elles ont discuté des propositions pour baisser la consommation de gaz.

Les centrales nucléaires manquent
De peur de subir des "coupures forcées", les industries très consommatrices de gaz préconisent un "plan d’urgence de rationnement" selon Nicolas De Warren, le président de l’Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). La loi permet de mettre en place des mesures d’urgence. A commencer par limiter au maximum l’utilisation des douze centrales à gaz françaises qui produisent 10% de l’électricité. "Il faut forcer des délestages en électricité dès cet été pour économiser ce gaz et le stocker", juge un gazier qui s’inquiète des arrêts de quinze réacteurs nucléaires d’EDF qui ne pourraient pas prendre le relai.

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