Derrière la Russie... des pays alliés et des pays ambigus
mardi 08/mars/2022 - 04:49
Si l’Europe et les États-Unis font bloc derrière l’Ukraine, il n’en est pas de même pour le reste du monde. Plusieurs alliés de la Russie ont déjà affiché ouvertement leur soutien, comme la Syrie ou le Venezuela. D’autres, comme l’Afrique du Sud ou de la Chine, ne condamnent pas l’offensive russe. Tous ont de bonnes raisons d'agir ainsi.
Depuis le 24 février, date du début de l’invasion russe en Ukraine, la médiatisation des positions de l’Union européenne et des États-Unis ont donné le sentiment d’une condamnation unanime du monde envers le Kremlin. En réalité, ce dernier peut compter sur le soutien de plusieurs pays et sur la non-condamnation d’autres. Explications.
LA SYRIE, L'ALLIÉ INDÉFECTIBLE
Outre la Biélorussie, l’autre soutien indéfectible de Vladimir Poutine est sans conteste la Syrie. Et pour cause : Bachar al-Assad lui doit très largement son maintien. La survie du régime – en proie à une guerre civile depuis 2011 – a essentiellement dépendu de l’intervention russe, enclenchée le 30 septembre 2015, pour lutter contre Daech. Dans les faits, plus de 63 000 Russes ont été envoyés dans le pays, et ont participé à l’élimination des groupes rebelles au régime. À l’heure actuelle, les troupes sont d’ailleurs toujours présentes sur le territoire syrien. Cette intervention a permis à Vladimir Poutine de devenir maître du jeu dans ce dossier et de se placer comme garant de la stabilité au Moyen-Orient.
En conséquence, le soutien de la Syrie semble inconditionnel, le président syrien allant même jusqu’à qualifier l’offensive russe en Ukraine de « correction de l’Histoire ». « Faire face à l’élargissement de l’Otan est un droit pour la Russie », a ajouté Bachar al-Assad, qui perçoit l’organisation transatlantique comme une « menace mondiale ». Si on remonte plus loin dans le temps, l’URSS avait déjà tissé des liens étroits avec le père de Bachar al-Assad, Hafez el-Assad, après sa prise de pouvoir en novembre 1970. En pleine Guerre froide, la Syrie a reçu de nombreuses armes soviétiques, ce qui a contribué à faire de son armée l’une des mieux équipées dans la région. Une alliance à toute épreuve, symbolisée par la signature en 1980 d’un traité d'amitié et de coopération pour 20 ans signé à Moscou par al-Assad père et Brejnev.
LE VENEZUELA, CONTRE L'IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
En Amérique latine, plusieurs États ont marqué leur soutien à la Russie, par tradition non-alignée et anti-impérialisme américain. Même si le Venezuela s'est abstenu lors d'un vote au Conseil des droits de l'Homme en faveur d'une enquête internationale sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ce pays « est avec Poutine, il est avec la Russie », car il « est avec les causes courageuses et justes dans le monde », a précisé Nicolás Maduro. Lors d’un appel téléphonique mardi 1er mars à Vladimir Poutine, le président vénézuélien en a profité pour rappeler que son prédécesseur Hugo Chavez avait soutenu le Kremlin lors de la crise géorgienne en 2008. Et en septembre 2009, le Venezuela avait été l’un des rares pays à reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Ce à quoi Dimitri Medvedev avait répondu : « Merci Hugo, tu as fait une série de déclarations sérieuses et importantes. » Toujours sous la présidence Chavez, plusieurs contrats d'armement et de coopération dans le domaine de l'énergie, ont été signés entre les deux pays, renforçant leurs liens commerciaux.
Fragilisé en 2018 après sa réélection controversée, soumis aux tentatives de déboulonnage des Américains, Nicolás Maduro sait qu’il peut compter sur Vladimir Poutine. Celui-ci n’avait d’ailleurs pas hésité à taxer les soutiens de Juan Guaido (une cinquantaine de pays) de « fous » en 2019.
CUBA, L'AMI SÛR
Autre soutien de la première heure : Cuba, dont la coopération étroite n’a pas faibli depuis l’époque soviétique. Dans un communiqué officiel, le gouvernement estime que « la détermination des États-Unis à imposer l'expansion progressive de l'OTAN vers les frontières de la Fédération de Russie constitue une menace pour la sécurité nationale de ce pays ainsi que pour la paix régionale et internationale ». Le régime cubain s’est logiquement montré très critique du déploiement, début février, des 3 000 militaires américains en Ukraine. Le 19 février, lors d’une visite à La Havane du vice-Premier ministre russe, Iouri Borissov, le vice-Premier ministre cubain, Ricardo Cabrisas Ruiz, « a renouvelé la solidarité du peuple [cubain] face aux constantes campagnes de désinformation et de guerre de propagande des États-Unis », contre la Russie. Sur son compte Twitter, le ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez Parrilla, s’est quant à lui fendu d’un tweet incendiaire : « Nous rejetons énergiquement l’hystérie propagandiste et médiatique déclenchée par le gouvernement des États-Unis contre la Russie et nous nous opposons fermement à l’expansion de l’Otan aux frontières de ce pays frère. »