Nucléaire : L’Iran et l’AIEA veulent résoudre de façon « pragmatique » les questions en suspens
samedi 05/mars/2022 - 04:56
L’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont dit ce samedi vouloir résoudre les questions en suspens en adoptant une approche « pragmatique », lors de la visite du chef de l’AIEA à Téhéran, dans l’espoir de relancer un accord conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances.
« Nous avons décidé d’examiner les questions avec une approche pragmatique (…), de manière approfondie, mais aussi avec une intention claire d’arriver à (…) un résultat », a déclaré le chef de l’instance onusienne Rafael Grossi, lors d’une conférence de presse avec son homologue iranien, Mohammad Eslami.
« Nous sommes arrivés à la conclusion que l’Iran et l’AIEA échangent des documents au plus tard à Khordad (mois iranien qui débute le 22 mai), afin de résoudre ces questions (…) comme prévu dans les pourparlers à Vienne » et ainsi lever les derniers obstacles, a indiqué de son côté Mohammad Eslami.
Le programme nucléaire iranien, pomme de discorde
La visite cruciale de Rafael Grossi s’inscrit dans le cadre des efforts menés à Vienne pour sauver l’accord de 2015. Conclu par l’Iran d’un côté, et par les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre, cet accord est censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, une intention qu’a toujours nié ce pays.
Mais les Etats-Unis s’en sont retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump et ont rétabli leurs sanctions, qui asphyxient l’économie iranienne. En riposte, Téhéran s’est largement affranchi des restrictions à ses activités nucléaires. A Téhéran, Rafael Grossi a rencontré Mohammad Eslami, peu avant d’entamer ses discussions avec le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Avant son départ, Rafael Grossi avait affirmé que l’AIEA « n’abandonnerait jamais » ses efforts pour que l’Iran fournisse des clarifications sur la présence de matière nucléaire dans des sites non déclarés sur son territoire. Téhéran demande la clôture de l’enquête de l’AIEA pour parvenir à un compromis à Vienne qui permettrait de sauver l’accord de 2015. « Maintenant que les pourparlers de Vienne sont en phase finale, c’est l’une des lignes rouges de l’Iran de clore définitivement le dossier de ces allégations pour ne pas causer plus de problèmes à notre pays », a ajouté Mohammad Eslami.
Les exigences russes
Mais « il y a des problèmes du côté russe », a mis en garde ce samedi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. « Nous avons demandé à nos collègues américains des garanties écrites (…) pour que les sanctions (occidentales contre Moscou liées à l’invasion russe de l’Ukraine) ne touchent pas à notre droit à une libre et entière coopération commerciale, économique, d’investissement et technico-militaire avec l’Iran », a-t-il déclaré à Moscou.
Rafael Grossi doit tenir une conférence de presse à son retour à Vienne samedi soir, selon l’AIEA. Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, s’est dit lui prêt à se rendre à Vienne en cas d’un « accord final », qui dépend selon lui du « respect total des lignes rouges annoncées par l’Iran, y compris des garanties sur le plan économique ». Il n’a pas précisé ces garanties ou ces « lignes rouges ».
Les prochains jours sont perçus comme décisifs par les Occidentaux car ceux-ci estiment qu’au rythme auquel l’Iran engrange les avancées nucléaires et que l’accord sera bientôt caduc. La France a estimé « urgent » de « conclure cette semaine ». Des observateurs pensent que les Occidentaux pourraient quitter la table des négociations si un compromis n’est pas conclu ce week-end.