Conflit Ukraine-Russie : quelle riposte face aux chars de Poutine ?
Le feu
vert hier du Parlement russe à une opération militaire en Ukraine est « le
début d’une invasion » du pays, a dénoncé le président américain Joe Biden, en
dévoilant de premières sanctions contre Moscou, comme ses partenaires
occidentaux.
À Moscou, le vice-ministre de la Défense
Nikolaï Pankov a lu devant le Sénat une demande du président russe de déployer
des troupes dans les entités de Donetsk et Lougansk, au motif qu’une « armée
(ukrainienne) de 60 000 hommes et de blindés lourds » serait prête à attaquer.
Juste
après avoir reçu l’accord des élus, Vladimir Poutine a dénoncé une fois encore
les exactions que Kiev commet d’après lui contre les séparatistes du Donbass.
Il a laissé planer le doute sur le calendrier de l’envoi de forces armées, en
réclamant une « démilitarisation » de l’Ukraine, qui ferait « mieux » de
renoncer à son ambition de rejoindre l’Otan pour choisir la « neutralité ».
Juste après, la diplomatie russe a annoncé l’évacuation prochaine de ses
diplomates d’Ukraine.
Vladimir
Poutine a aussi revendiqué pour les séparatistes l’ensemble des régions
administratives de Lougansk et de Donetsk, dont la superficie dépasse largement
celle des territoires sous leur contrôle. Il a évoqué d’hypothétiques
« négociations » entre Kiev et forces prorusses. L’intervention russe serait
justifiée légalement par la ratification mardi d’accords d’entraide, notamment
au plan militaire.
L’Otan
s’attend à « une attaque massive » de la Russie en Ukraine, a annoncé dans ce
contexte son secrétaire général, Jens Stoltenberg.
Les sanctions s’amplifieront si
l’avancée russe se poursuit
Sans
attendre, les Occidentaux ont pris de premières sanctions en réaction à la
reconnaissance des séparatistes que Kiev combat depuis huit ans, un conflit qui
a fait plus de 14 000 morts.
La
mesure la plus spectaculaire a été annoncée par Berlin, qui a gelé le
gigantesque projet de gazoduc Nord Stream II, qui devait acheminer encore
davantage de gaz russe en Allemagne.
À
la Maison Blanche, Biden a lui annoncé une « première tranche » de sanctions
visant à empêcher Moscou de lever des fonds occidentaux pour rembourser sa
dette souveraine. L’ensemble du secteur bancaire russe pourrait être visé par
des sanctions si la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine, a affirmé un
responsable américain.Des sanctions vont également être prises contre l’élite
russe.
Le
chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pour sa part annulé sa
rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
Sanctions qui « feront très mal à la
Russie »
L’UE
a adopté un paquet de sanctions qui « feront très mal à la Russie », a assuré
le chef de sa diplomatie, Josep Borrell. Et le Premier ministre britannique
Boris Johnson a annoncé des sanctions visant trois oligarques proches du
Kremlin et cinq banques russes, des mesures a minima pour Londres, la
place-forte financière des grandes fortunes russes. Il s’est dit aussi opposé
aux matches internationaux en Russie, comme la finale de Ligue des champions de
football prévue fin mai à Saint-Pétersbourg. Ces mesures restent pour l’instant
modestes par rapport à celles promises en cas d’invasion d’ampleur.
Le
président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays a réclamé mardi des
« armes » et des garanties sur son adhésion à l’UE, a fait savoir qu’il
envisageait désormais une rupture des relations diplomatiques avec Moscou.
Accusé par Kiev de vouloir « ressusciter l’URSS », M. Poutine s’est lui au
contraire défendu de chercher à « reconstituer un empire ».